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L'HISTOIRE POUR TOUS

Ecrire et faire aimer l'histoire

L’Histoire pour Tous N° 23 : Le Martyr de Geronimo (vers 1534-1569).

L’Histoire pour Tous.

Bienvenue

L’Histoire pour Tous N° 23 : Le Martyr de Geronimo (vers 1534-1569).

 

Quand l’Alger était sous la domination Turque (XVIe Siècle).

C’est au début du XVIe siècle, qu’apparaissent sur les côtes Algériennes les deux aventuriers Turcs Aroujd et Khéreddine Barberousse. Aroujd Barberousse (né vers 1474-1518) se proclama Sultan d’Alger et mourut à Tlemcen en Mai 1518, en défendant la ville contre les Espagnols. Son frère Khéreddine Barberousse (né vers 1466-1546), à la mort de son frère, il lui succéda, avec le titre de Berleybey (Gouverneur) puis il se qualifie de « Sultan d’Alger »

Sous leur domination, Alger devint un nid de Corsaires.

Les frères Barberousse instituèrent la « Course ». Les vaisseaux Barbaresques, légers et rapides, fonçaient sur les bateaux des Chrétiens qu’ils rencontraient et quelques fussent leurs pavillons, s’en emparaient à l’abordage, pour les ramenaient à Alger.

 

Les matelots et passagers de ces navires étaient réduit en esclavage.

Dès lors la condition de ces Chrétiens était bien misérable, tant au point de vue matériel qu’au point de vie spirituel.

Il eut parmi eux des apostats, et ils eut aussi des martyrs.

Celui que nous donnons l’histoire est sorti du sein de l’Islam.

 

 

Sa Vie :

C’est l’historien Haedo (né vers 1527 – vers 1608), Bénédictin Espagnol, lui-même esclave pendant quelques années à Alger, qu’il nous raconte les détails de la vie et du martyr du Vénérable Geronimo.

Les Espagnols occupèrent Oran, depuis le 16 mars 1509 (calendrier julien).

Ce fut pendant une expédition opérée contre la ville de Tlemcen (vers 1540) que Geronimo tomba entre les mains des Espagnols.

Le récit d’Haedo, traduit en 1860 par Mr (Adrien) Berbugger, bibliothécaire de la ville d’Alger, commence ainsi :

 

« Dans une razzia faite autrefois (vers 1538-1540) par la garnison Espagnole d’Oran, les soldats prirent, entre autres (des) esclaves parmi eux, un jeune arabe, presque enfant, d’un physique agréable et de gentilles manières. lorsqu’on vendit les prises faites cet enfant fut acheté par le licencié Don Juan Caro, alors vicaire et aujourd’hui vicaire-général d’Oran, grâce une saine éducation et à un bon enseignement, le petit musulman devient bientôt chrétien et reçut au baptême le nom de Geronimo.

Vers huit ans, quelques captifs Arabes fugitifs l’emmenèrent avec eux et le remirent à ses parents, chez lesquels il vécut dan s la loi et les coutumes musulmanes, jusqu’à l’âge de 25 ans environ. Touchez par la grâce, il revint de lui-même à Oran vers 1559, avec l’intention de vivre dans la pratique de foi chrétienne.

Juan Caro l’accueillit avec joie. Il le maria ensuite à une Mauresque chrétienne et lui procura une situation sortable en le faisant entrer dans l’escadron de campagne que le Gouverneur Espagnol avait formé à Oran (Alonso de Cordoba y Fernandez de Valasco, Gouverneur d’Oran de 1558 à 1564).

il y avait 10 ans qu’il servait dans les troupes Indigènes au service de l’Espagne, quant il fut pris en 1569, par les Corsaires, conduit à Alger et remis au Gouverneur de cette ville, Euldj-Ali (de son vrai nom Giovanni Dionigi Galeni, né vers 1519, décédé en 1587), le trop fameux renégat Calabrais.

On sut bien vite que Geronimo était chrétien. Tous les moyens furent alors employés pour le faire retourner à la pratique de l’Islam. Les marabouts épuisèrent auprès de lui tout leur arsenal de promesses et de menaces. Rien n’y fait.

Que me veulent-ils ces gens-là ? Pensent-ils que je vais redevenir comme eux? Jamais. J’aime mieux mourir, se contentait-il de répondre ?

Euldj-Ali consulté, résolut de faire un exemple terrible.

 

 

On bâtissait alors le Fort des « Vingt-quatre Heures » (ci-dessus) sur l’esplanade Bad-el-Oued. Le Dey imagina de faire (enterrer dans du) pisé, vivant l’esclave chrétien dans l’un des blocs de la forteresse.

 

On avertit Geronimo :

Que la Sainte Volonté de Dieu sot faite ! s’écria-t-il, ils ne me feront pas abandonner la Foi de Jésus-Christ, malgré tous les supplices. Que Dieu seulement prenne soit de mon âme et me pardonne mes pêchés.

À l’aurore on le mena, pieds et poings liés, au Fort des Vingt-quatre Heures. Euldj-Ali l’attendait :

Hola chien lui cria-t-il, pourquoi ne veux-tu pas être Musulman ?

Je ne céderai pour rien au menace, réplique Geronimo, je suis et je resterai Chrétien.

Si tu ne m’obéis pas, je t’enterrerai tout vif.

Fait ce que tu voudras, je suis prêt à tout. Je ne renierai pas Jésus-Christ.

Euldj-Ali (ci-dessus) ordonna alors à ses sbires de liés les pieds et les mains du Musulman renégat et de le coucher dans le moule à pisé. Cela fait, un renégat Espagnol du nom de Tamango se mit à sauter sur le corps de Géronimo ; on le couvrit ensuite d’une couche de terre. Armés de pilons, Tamango et d’autres renégats achevèrent le Martyr de Dieu.

 

Le Bienheureux Martyr Geronimo, d’après les apparences, au moment de sa glorieuse mort, pouvait avoir environ 35 ans ; il était petit de corps et de peu d’embonpoint. Sa figure était maigre et son teint très brun, comme celui de presque tous les Maures de cette contrée de Berbérie. » rapporte en terminant le texte d’Haedo.

Ci-dessus : Geronimo marchant vers le lieu de son supplice.

 

Découverte du corps de Geronimo :

Ci-dessus : le Fort des Vingt-quatre Heures en 1830, à l'arriver des Français.

C’est le 27 décembre 1853 que fut découvert, d’une manière providentielle, les restes du Martyr.

Le Moniteur Algérien dans son numéro du 30/12/1853, en fait le récit suivant :

« Une découverte très émouvante vient d’être faite au Fort des Vingt-quatre Heures. Mardi dernier, vers midi et demi, les artilleurs occupaient à la démolition du rempart qui a vue sur la route, aperçurent, en enlevant les déblais, produit par l’explosion d’une des mines, une excavation occupant le milieu d’un bloc de pisé dans le sens de sa longueur et renfermant un squelette humain…

 

Un rapide examen, fit penser à Mr Suzzoni, Capitaine d’Artillerie, chargé des travaux de démolition du fort, qu’il avait sous ses yeux, les restes précieux de Géronimo que l’on recherchait depuis le commencement des travaux…

 

Le Martyr est étendu sur la face, les jambes très rapprochées l’une de l’autre. La position des os de l’avant-bras et une corde collée encore aux poignets, sur les parois du véritable moule que le corps de Geronimo s’est fait dans le pisé avant la destruction des parties charnues ; tout porte à croire que la victime avait les mains attachées derrière le dos…

 

Les vêtements, une chemise courte et un haïk (vêtement féminin, une étoffe rectangulaire, recouvrant tout le corps) ou gandoura (c’est une longue tunique sans manche et sans capuchon), sont restés collés aux parrois du moules où leurs moindres plis et les plus petits détails des tissus se reconnaissent parfaitement. »

 

Monseigneur Pavy (Louis Antoine Augustin Pavy 1805-1866, photo de gauche), Évêque d’Alger (de 1846 à 1866), ne perdit pas de temps. Après avoir procédé à toutes les enquêtes et examens scrupuleux d’usage, il partit pour Rome, afin de soumettre la causeau Pape Pie IX lui-même.

 

Le 30/3/1854, la Commission Romaine soumit les travaux au Saint-Père ; et le lendemain était rendu le Décret Pontifical qui déclarait Géronimo Vénérable.

 

Le 28/5/1854 fut triomphalement transporté à travers les rue de Bab-el-Oued et Bad-Azoum, jusqu’à la Cathédrale d’Alger, le squelette de l’esclave Martyr.

Un cortège immense suivit le char, traîné par huit chevaux d’artillerie, portant le bloc scié dans la muraille où avait été trouvé le corps.

Des jeunes gens portaient le buste du Martyr, moulé sur le creux que le corps avait imprimé dans le bloc de pisé.

Aujourd'hui, le corps de Géronimo repose dans la première chapelle que l’on rencontre à droite, en entrant dans la Cathédrale.

Ci-dessus ; La Cathédrale d'Alger en 1950.

Il y a à l’une des parois de cette chapelle une grande tablette de marbre blanc sur laquelle on lit les noms des membres de la Commission d’examen ; sur l’autre paroi, le Décret Papal d’introduction de la cause pour la Béatification et la Canonisation du Vénérable Geronimo.

L’article est écrit par F.S pour le journal Les Jeunes du dimanche 16 mars 1930, N° 440, (Ce journal basé à Paris pour la Fédération Gymnastique et Sportive des Patronages de France).

Entre les parenthèses, mes annotations.

 

Ci-dessus : Le Buste de Geronimo.

Ce que l’article ne dit pas :

1) Le véritable nom musulman de Geronimo (Jérôme).

2) Qu’en 1547 la peste sévissait à Oran, c’est ce qui permit aux esclaves Musulmans de s’échapper.

3) Lorsque Géronimo revint à Oran en 1559, Don Juan Caro était devenu Vicaire Général de la ville.

4) Qu’en mai 1569, il fut blessé lors d’une expédition maritime Espagnole, où il servait comme soldat.

5) Que le Maître d’œuvre du Fort des Vingt-quatre Heures, était un chrétien nommé Michel ; c’est lui qui fit le caisson, qui devait emmuré Géronimo. C’est ce même Michel qui prévient à Geronimo, le sort qu’il lui était réservé.

6) Que Geronimo, une fois averti, se confessa à un prêtre et passa sa dernière nuit en prières.

7) La date de son exécution : fut le 18/9/1569 (calendrier julien).

8) La véritable identité de Haero, est Don Diègue ou Diego de Haedo, qui fut réduit à l’esclavage de 1578 à 1581. On sait que c’est lui qui écrivit le martyr de Géronimo, dans son ouvrage « Dialogo de los martyres », publier en 1612 à Valladolid, qu’en il revint en Espagne.

9) Le souvenir du Martyr de Geronimo perdura pendant des siècles, y comprit parmi les Musulmans, si bien que lors de l’arrivait des Français en Algérie, dès 1830, on tâcha de retrouver son corps.

10) Qu’est devenu la femme de Geronimo ?

À ce jour, pour diverses raisons, le Procès en Béatification de Geronimo est en rester là.

Lors de l’indépendance de l’Algérie en 1962, et l’abandon de la Cathédrale d’Alger aux mains des Musulmans par le Cardinal Duval, une question se pose :

Que sont devenus les reliques du Vénérable Geronimo ?

 

 

Article écrit par Cazorla Denis pour L’Histoire pour Tous.

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