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L'HISTOIRE POUR TOUS

Ecrire et faire aimer l'histoire

Le Triste Destin d'un Gouverneur d'Aigues-Mortes au XVe Siècle: Louis de Malepue

L'Histoire pour Tous N°12

Bienvenue à Toutes et à Tous

Ce numéro est consacré à un article apparut de Mémoire de l'Académie de Nîmes en 1920

Bonne lecture.

Titre : un Gouverneur d'Aigues-Mortes au début du XVe siècle : Louis de Malepue et sa Famille Par Prosper Falgairolle.

 

Photo de gauche: l'article qui est sur Les Mémoires de l'Académie de Nîmes en 1920.

 

Quoique personnage, dont le nom figure en tête de cette notice, ne soit pas sympathique, parce qu'il a trahi son roi, au moment ou la France était sur le point de périr ((nous sommes à l'époque de la Guerre de 100 ans)), il est intéressant pour l'histoire de rappeler ses actes et sa fin tragique.

Nous avons aucun renseignement sur la famille de Malepue (1), ni sur la Province d'où elle est sortie ; un de ses membre est Châtelain de la ville Aigues-Mortes en 1360, et le document qui nous l'apprend, le fait en ces termes : Gerard allias Guiraud de Malepue, Damoiseau, Sergent d'Armes en 1360, jusqu'au mois de Janvier 1385 (2).

Guiraud avait acheté en 1376, à Charles d'Artois Comte de Pézenas, les droits qu'il possédait sur la Seigneurie de Montblanc, près de cette ville, et fit approuver cette acquisition au mois de Février 1377, par Louis Duc d'Anjou et Lieutenant Général pour le roi en Languedoc.

Plus tard ce même Prince lui donna l'office de Bailli de Montpellier, par des lettres datées du 15 Février 1380 ((Calendrier julien)) (3).

Honoré de la faveur du Duc de Berry, Gouverneur du Languedoc, dont il était le Conseiller, Guiraud devint un personnage important. Le Duc le nomma en Avril 1384, Général Conseiller du Roy dans la Province, et en cetta qualité lui enjoignit d'autoriser, avec deux autres commissaires, l'imposition sur la Viguerie d'Albi, d'une somme de 1 600 livres, 

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(1) les actes Latins et Français donnent presque tous ce nom à cette famille ; quelques historiens la désignent sous celui de Malespine. ((Dans mes recherches généalogiques sur Aigues-Mortes au XVIIe siècles les actes de notariales sous le nom de Malespels)).

(2) Bibliothèque Nationale. Manuscrits. Fonds du Languedoc. Liste des Gouverneurs d'Aigues-Mortes.

(3) Archives Communales de Montpellier. Le Thalamus, Edition de la société, page 91.

     destinée au délogement des soldats Anglais qui tenaient garnison dans les Châteaux de Paulin et de Tersac, situés en Albigeois.

    Il devint en 1386, Gouverneur de Montpellier, et nous avons de lui une quittance de 300 francs d'or, qui le qualifie ainsi, en même temps qu'elle le désigne comme l'un des « Généraulx Conseiller du Roy sur le faict des aides ordonnés pour la guerre au Pays de Languedoc et Duché de Guyenne 11 Février 1385 » ((calendrier julien)) (1).

    A cette époque le Languedoc était envahi par des Routiers qui s'emparaient des villes et des châteaux, pressuraient les populations des campagnes et ne se retiraient qu'après les avoir largement rançonnées. Et ce qui se passait dans la Province, se reproduisait dans le reste de la France.

    Aussi le Roi Charles VI, pour combattre plus facilement ces brigands, ordonna l'ordonna l'armement d'une grande flotte, destinée à porter la guerre en Angleterre, afin d'empêcher l'envoi des gens d'armes qui les soutenaient, et dans ce but il établit un subside, dit passage de la mer, « pro passagio maritimo » dans toute l'étendue de la France.

    En Languedoc, parmi, les quatre Commissaires chargés de recouvrer cette imposition, se trouvait Guiraud Malepue, Gouverneur de Montpellier (Avril 1386). (2)

    Mais ces mesures ne suffisant pas, le États Généraux de la Province ((Languedoc)), assemblés à Rodez, au mois de Juillet 1387, décidèrent d'imposer trois francs par feu ((par foyer)), afin de chasser les bandes Anglaises et celles des Routiers, et pour exécuter cet ordre, le Roi nomma trois Commissaires parmis lesquels était Guiraud de Malepue, Gouverneur de Montpellier. (3)

    Pourvu de charges lucratives et comblé d'honneurs, Noble Guiraud de Malepue, (c'est ainsi qu'il se qualifie) voulu devenir Seigneur terrien, et pour cela il fit l'acquisition des Seigneuries de Bernis, d'Uchaud et d'Aubord, situées près de la ville de Nîmes, avec toutes leurs dépendances, leurs droits et usages féodaux. (4)

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    (1) Voir document N°1

    (2) Ménard, Histoire de la Ville de Nîmes, Tome III page 87

      (3) Bibliothèque Nationale, Titres de Clairambault, 937, Folio 57

      (4) Archives Départementales du Gard, Série E, 117 ((ancienne cote))

      Antoine Scatisse (1), Damoiseau, les lui vendit le 4 Octobre 1392 ((calendrier julien)), pour le prix de 2.400 francs d'or, par acte passé à Nîmes, dans le Logis de Pons Rubéi, en présence de Noble Guillaume Seigneur de Faya et Chevalier, d’Aimeric de Vermelhoux Jurisconsulte et de Hugues de L'Espine Bourgeois de Nîmes.

      En échangeant le Gouvernement d'Aigues-Mortes, contre celui de Montpellier en 1386, Guiraud de Malepue eut la joie d'avoir pour successeur son fils Louis.

      Ce dernier fut destitué quelques années après en Janvier 1389, et rétablit le 5 Septembre 1394 ((calendrier julien)) ; nous ne connaissons pas la raison de sa destitution ; peut-être avait-il déplu au Gouverneur de la Province.

      Quoiqu'il en soit, nous le voyons gouverné la place d'Aigues-Mortes pendant de longues années, et faire hommage au Roi le 26 Février 1400 ((julien)) (2), probablement après la mort de son père, des Seigneuries de Bernis, d'Uchaud et d'Aubord, devant Noble Jean de Foucherand, Lieutenant du Sénéchal, en présence de Bernard Vitalis, Procureur du Roy.

      Ce fut qu'en l'année 1408, qu'il dut faire le dénombrement de ces terres, car le roi Charles VI par ses lettres patentes, datée de Paris le 25 Avril 1408 ((julien)), reconnaissant que jusqu'alors il n'a put le donner, à cause du service qu'il faisait continuellement, et qu'il fait encore auprès du Duc de Berry, dont il est l’Écuyer d'écurie, lui accorde un an de délai pour accomplir

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      (1) Barthélemy Scatisse, Marchand de Lucques en Italie, s'établit à Nîmes avant l'année 1331, il eut un fils Jean qui vivait à la même époque. Marquis Scatisse avait été nommé en 1327, par le Roi Charles Le Bel, son Trésorier en Languedoc, charge qu'il fit exercer par son frère Barthélemy. Deux autres frères du même nom, Pierre et Antoine possédaient en 1402, une portion de la Seigneurie de St-Chaptes ; et le premier doit être le Châtelain et Viguier de Beaucaire en 1362, le second celui qui vendit les Seigneuries de Bernis, Uchaud et Aubord à Guiraud Malepue. Antoine était en 1407 Viguier de Nîmes et Seigneurie de Villevieille, près de Sommières : il eut deux filles, Marie et Louise, cette dernière épousa le Seigneur de Villard, dont le fils Pierre Seigneur des Rousses en Béarn, vendit à Jacques de Bozène, en 1529, la terre de Villevieille, celles de Dommessargues et de Sauzet, en même temps que la portion de Justice de St-Chaptes. Les Armes des Scatisse étaient:un chevron accompagné de deux larmes en chef et d'une croix placée sur une mer ; elle se voyait au XVIIIe siècle sur la porte d'entrée de leur maison à Nîmes.

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      (2) Archives Départementales du Gard, Série E, 117 ((ancienne cote))

      ce devoir Seigneurial, enjoignant à ses maîtres des comptes et trésorier de ne pas le molester à ce sujet. (1)

      De son côté le Duc de Berry lui remet le 12 juin suivant, la somme de cent franc d'or qu'il devait payer pour le droit de quint denier des Seigneuries qu'il possédait. (2)

      Une quittance originale de l'année 1409, nous le montre occupé en sa qualité d'élu sur le fait des aides ordonnées pour la guerre au Diocèse de Lodève ; il reçoit pour les gages de six mois de son office la somme de 48 livres, 13 sols et 50 deniers. (3)

      Nous n'avons aucun document le concernant jusqu'en 1417. alors la France était dans l'Anarchie la plus complète, les Anglais occupaient la Normandie et une partie du Midi, Paris était sous le joug du Connétable d'Armagnac, et le Roi en pleine démence. Le Duc de Berry venait de mourir et le Duc ((Jean Sans Peur)) de Bourgogne qui avait délivré la Reine ((Isabeau de Bavière)) à Tours, où elle était reléguée par ordre du Roi, se ligua avec elle et prétendit gouverner le Royaume. Par son ordre elle se prévalut d'une Ordonnance du Roi, qu'il la déclarait Régente (4), et tous deux, l'un doué d'une ambition démesuré, l'autre pour haine du Dauphin (Charles VII) son fils, bouleversèrent l'administration et destituèrent la plupart des Gouverneurs des Provinces et des places fortes.

      C'est ainsi que Louis de Malepue, alors fidèle au Roi et à la cause du Dauphin Charles fut remplacer pour son gouvernement par Amé de Véry, Gentilhomme Savoyard en vertu de lettres patentes (5) par le Duc de Bourgogne, datées de Chartres le 14 Novembre 1417 (julien), et confirmées par la Reine le lendemain 15 Novembre. Amé de Véry prêta serment d'usage entre les mains du Duc le 23 Janvier suivant.

      Il était plus facile, cependant, de révoquer le Gouverneur d'une place de guerre par des lettres-patentes, que de l'en faire sortir. Aussi nous avons trouvé nulle part que le nouveau Châtelain ait prit possession de sa charge, et de Malepue continua comme par le passé, de tenir Aigues-Mortes sous l'autorité du Roi et du Dauphin.

       

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      (1) et (2) Voir les documents II et III

      (3) Voir le document IV

      (4) Lefèvre de Saint-Rémy, Histoire de Charles VI, page 117

      (5) Document N° III ; cette pièce et celle de la Reine Isabeau nous a été communiquées par Mr le Comte Pierre de Véry.

       

      Cependant le Languedoc résista, en partie, aux ordres de la Régente et du Duc de Bourgogne, car nous les voyons nommer Louis de Chalon, Comte de Genève, fils du Prince d'Orange ((Jean III de Chalon-Arlay)), pour soumettre à leur autorité les place de cette Province (1418). C'est pendant cette expédition que Malepue dut livrer la ville aux Bourguignons, qui s'empressèrent d'y mettre une garnison de gens de leur partie.

      De son côté le Dauphin ne pouvant se rendre lui-même en Languedoc, y envoya Reynaud ((ou Regnaud)) de Chartres, Archevêque de Reims, avec une forte troupe, qui se joignit aux milices que Guillaume de Meuillon, Sénéchal ((de Beaucaire et de Nîmes)), avait levée et dans lesquelles se trouvait Antoine de Lévis, Seigneur de Vauvert (1), avec les hommes d'armes de sa compagnie. Mais, après quelques succès, le Comte de Genève se retira en Dauphiné et les hostilités se trouvèrent suspendues.

      Cependant le Dauphin, qui s'était déclaré Régent du Royaume, voulant soumettre le Languedoc, se rendit dans cette Province, au commencement du mois de Mars 1420. les villes de Nîmes et du Pont-Saint-Esprit se soumirent (2), ainsi que plusieurs autres, mais celles de Sommières, Aigues-Mortes et le Fort de La Motte lui résistèrent. Il en aurait fait le siège si, après le Traité (( celui de Troyes du 21 Mai 1420, julien)) conclu entre le Duc de Bourgogne, le Roi d'Angleterre ((Henry V)) et la Reine Isabeau de Bavière, il n'avait été obligé de retourner dans le Nord de la France.

      Le Sénéchal Guillaume de Meuillon prit alors le commandement des troupes du pays, et assiégea la ville d'Aigues-Mortes à la fin du mois d'Août 1420 (3).

      Le Gouverneur qui depuis quelques temps, s'était rallié au Parti des Bourguignons, avait tellement pressuré la population, que bon nombre de notables s'étaient réfugiés à Beaucaire, avec leur famille, emportant leurs biens les plus précieux, et ceux qui ne pouvaient faire comme eux, manifestaient hautement leur hostilité.

      Le siège qui traîné en longueur, fut reprit, sur l'ordre du Dauphin, au mois de Novembre suivant par Charles de Bourbon, Comte de Clermont, son Capitaine Général en Languedoc, avec le concours de Michel Lebœuf, Evêque de Lodève, et de Thierry-Lecomte, Gouverneur de Montpellier, qui lui

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      (1) Fils de Philippe de Lévis, Vicomte de Lautrec, Seigneur de La Roche etc..., et d'Antoinette d'Anduze. Antoine de Lévis guerroya dans le Comtat de Venaissin, contre le Comte de Genève, devenu Prince d'Orange ((Louis III)) et assiégea cette ville.

      (2) Monstrelet, Chroniques tome 1, chapitre 277.

      (3) La Faille, Annales de Toulouse, tome 1, page 173.

       

      amena vingt-cinq arbalétriers de sa compagnie, aidés de quelques pièces d'artillerie. (1)

      La place fut investie de tous côtés, et Malepue, qui fessait de fréquentes sorties auparavant, dut se résigner à rester à l'intérieur. Abondamment pourvu de vivres et de munitions, il pouvait encore résister quelque temps. Mais ses vexations journalières contre les habitants restés fidèles au Dauphin les exaspérèrent tellement qu'un complot fut tramé contre lui, d'intelligence avec les assiégeants, pour lui enlever la ville.

      « Une nuit, dit un historien, vers la fin de Janvier 1421, les plus déterminés d'entre eux, conduit par Antoine de Lévis, Baron de Vauvert, se rendant silencieusement aux portes de la ville. La garde, surprise, est égorgée sans résistance. Les troupes du Comte de Clermont qui s'étaient avançaient sans bruit sont introduites aussitôt. Les habitants les conduisent au quartier des Bourguignons. Vainement ceux-ci, réveillés en sursaut, tentent de fuir et de se défendre ; ils sont tous impitoyablement massacrés.

      « Animés par le sang qu'ils viennent de répandre, les soldats et les citoyens, armés de flambeaux, courent précipitamment vers la Maison du Roy, qu'habitait le Châtelain. Furieux de ne l'y point trouver, ils y mettent le feu, et l’incendie dévore tous les effets de ce Gouverneur infidèle, ((et ainsi que)) les titres de la ville avait jusqu'alors conservés avec tant de soin. Au point du jour, cependant, on parvient à découvrir Malepue dans le réduit où il s'était caché ; le peuple irrité, allait le mettre en pièces ; mais le Comte de Clermont voulant observer quelque forme légal, prononce sa condamnation et le fait décapiter (2). » Cette exécution eut lieu à Beaucaire (3). Les nombreux combats ,livrés tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de la ville firent tant de victimes que, pour empêcher l'infection des rues et des maisons, on entassa les cadavres dans la tour de la ville, situé au coin du rempart Sud-Ouest, qui depuis a porter le nom de Tour des Bourguignons. De là vient la chanson :

      Bourguignon salé, L'épée au côté, La barbe au menton, Saute Bourguignon !

      Inutile de redire ce que la légende ajoute au sujet des habitants de la Bourgogne et dont la discussion serait un hors-d’œuvre pour nous.

       

      Photo ci-dessus : La Tour des Bourguignons.

       

      Louis de Malepue avait épousé Jeanne, dont nous ne connaissons pas le nom, et il en eut deux filles : Jeannette dite Jacquette, mariée à Guillaume de La Rivière, et Gardette non mariée.

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      (1) Dom Vaissette. Histoire du Languedoc, tome IX, page 1024.

      (2) Di Pietro. Histoire d'Aigues-Mortes, page 178 et 179 – Manuscrit de Nesmes-Desmarets. – Lettres-patentes de Charles VII, adressées aux habitants le 6 Avril 1431 ((julien)), Archives de la ville, DD 24 (( ancienne côte)(3) Archives Départementales du Gard, Série E 117 Gard ((ancienne cote)). Voir plus loin le document IV de famille

       

      Guillaume de La Rivière était le fils de Jean de La Rivière, Maître d'Hôtel du Roy, Châtelain et Viguier de Beaucaire et d'Ermessinde de Sauve (1), Dame de Bourbon et de Salindrenque (2).

      Guillaume de La Rivière ajouta à son nom celui de Bourbon et laissa de son mariage deux filles : l'aînée Gardette épousa le 13 Juin 1437 ((julien)) Guillaume Bermond, Baron du Cailar, de Montmirat et de Montlaur ; la jeune Louise fut mariée le 4 Février 1445 ((julien)) à Aimery de Narbonne, Seigneur d'Agen-sous-Rodez.

      Le fils aîné d'Aimery, Guillaume de Narbonne, allié à Madeleine ((Magdelaine)) de La Fare, hérita du Château de Bourbon, de la terre de Salindrenque et de ses nombreuses dépendances ; il ne laissa qu'un fils Jean, Moine de l'Abbaye d'Aniane (3), qui ne garda pas les possessions de ses ancêtres.

      La condamnation à la peine capitale de Louis de Malepue entraînait la confiscation de ses biens, ainsi que ceux de sa femme et ses enfants présumés ses complices ; c'était la ruine pour la famille et surtout pour Gardette, sa plus jeune fille, alors non mariée.

      Les parents des Malepue et des La Rivière, ainsi que leurs nombreux amis, implorèrent de la clémence du Dauphin, Régent du Royaume, le pardon des trois malheureuses femmes, et ce Prince accédant à leurs supplication, et heureux de se faire de nombreux partisans, à l'époque critique ou se trouvait la France, leur accorda des lettres de grâce, datées de La Ferté, le 6 mars 1421 ((julien)) (4) et leur remis leurs biens et ceux de leur mari et père.

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      (1) Elle descendait d'un rameau de la puissante Maison de Sauve, elle prit le nom de Bourbon, d'un château construit sur la colline dominant la ville de Sauve. Aigline de la Roque, qui le possédait ayant épousé un Bourbon, celui-ci lui donna son nom. Son père Archambaud inféoda en 1358 à Bernard du Crémat le domaine du Pouget à fief franc et noble. Ermessinde, elle-même non encore mariée, fit un échange en 1372, avec le même personnage. Mais en 1405 c'est Guillaume de La Rivière qui reçoit les reconnaissances des vassaux de la Seigneurie et s’institue Seigneur du Château de Bourbon et de Salindrenque. Archives du Château de Villevieille.

      (2) C'est la contrée qui s'étend au levant de la ville de Lassale, sur le territoire de laquelle se trouve le Château de Saint-Bonnet. (Arthur de Cazenove, La Salindrenque)

      (3) De Marin de Carranrais, Généalogie de la famille de Narbonne.

      (4) Voir le document N° VI

      La grâce du Prince fut transmise par le Sénéchal Guillaume de Meuillon à tous les officiers royaux de sa dépendance avec l'ordre de l'exécuter.

      Mais à cette époque, comme de nos jours, il fallait compter avec les lenteurs de l'administration ; plus d'une année s'écoule, avant que l'affaire puisse recevoir un commencement d'exécution, par suite du mauvais vouloir du Procureur du Roy et du Trésorier de la Sénéchaussée ; à la suite de nouvelles supplications, le Dauphin, alors en France, fit expédier d'autres lettres données à Bourges le 3 Janvier 1423 ((julien)) (1) afin que les biens confisqués fussent rendus aux héritiers Malepue, et le 30 Mai 1424 ((julien)), les Généraux des Finances du Languedoc consentirent à l'entérinement des dites lettres pour être exécutées selon leur forme et leur teneur... ainsi que le Roy... le veut et mande (2).

      Photo ci-dessus: Fête de la St-Louis à Aigues-Mortes.

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      (1) Voir document N° VII.

      (2) Voir document N° VIII

        DOCUMENTS : écrit en Français de l'époque ((Mis en Français de nos jours))

         

        Photo de gauche : Les Documents I et II

         

        N° I : Quittance de Guiraud de Malepue, Gouverneur de Montpellier.

        18 Avril 1386 ((julien))

         

        Sachent tous que je Guiraud Malepue, Gouverneur de Montpellier, et l'un des Généraux Conseillers du Roi notre sire, sur le fait des aident ordonnées pour la guerre au Pays de Languedoc et Duché de Guyenne, confesse avoir eu et reçu de Pierre Carart, Receveur d'Auvergne, la somme de trois cent francs d'or, que Monseigneur le Duc de Berry et d'Auvergne, Lieutenant du Roi notre sire, et par l'ordre qu'il m'a naguère donné pour les choses contenues dans ses lettres à nous sur ce ordonnées le 15e jour de Février 1385 ((julien)), de laquelle somme de 300 francs je me tiens pour content et en quitte ledit Receveur de tous ceux à qui quittance en appartient, en témoin de ce que j'ai apposé à cette présente quittance mon scel ((sceau)) et saint manuel.

        Donné à Montpellier le 18e jour d'Avril l'an 1396 ((julien)).

        Signature dudit G.M (1).

         

        (1) Bibliothèque Nationale. Manuscrit, pièce originales N° 1813, Dossier N° 14.897. – Parchemin Original.

         

          N° II : Lettres Patentes du Roi Charles VI au sujet de l'hommage de Louis Malepue :

          25 Avril 1408 ((julien)).

          Charles par la grâce de Dieu Roi de France,

          A nos amis et féaux gens, de nos comptes et Trésoriers de Paris et au Sénéchal et Receveur de Beaucaire et de Nîmes, où à leurs Lieutenants, salut et dictons savoir vous faisons, que, comme notre aimé Panetier Louis Malepue, Écuyer d'écurie de notre cher et très aimé oncle le Duc de Berry, servant en ordonnance, nous ait fait foi et hommage de ses terres et juridictions qu'il a sur les lieux de Bernis, d'Uchaud et d'Aubord (1), et la Sénéchaussée de Beaucaire, toutes fois pour ce qui n'a peut, et ne peut encore bonnement bailler la déclaration des dites terres, rentes et fiefs à celles appartenant , selon la forme et manière que ses prédécesseurs ont accoutumé de faire, pour l'occupation du service de notre dit oncle, duquel il est continuellement occupé et dont il pourrait encourir un dommage, si par nous ne lui était pourvu de remettre convenable, requérant celui-ci, parce qu'il, que nous les choses dessus dites considérées et l'occupation du service de notre dit oncle, auquel il est continuellement comme dit ci-dessus, nous lui avons donné et donnons terme et respect de bailler celui-ci dénombrement non baillé vous le dit suppliant ni faites ou souffres être molesté, ni travaillé, ni empêché des dites terres, rentes, fiefs et juridictions, ni en aucunes de celles, ledit terme durant un an, si aucune chose en avait été pour ce Prince, saisie, arrêtée et empêchée, mettre lui ou faire mettre tantôt et sans délais à pleine délivrance, pourvus toutes fois que ledit suppléant sera tenu de nous payer les droits et devoirs si aucun nous en sont pour ce dus, si payés ne les as, car ainsi nous plait il était fait, et celui-ci suppléant en faveur de notre dit oncle, l'avons octroyé et octroyons de grâce spéciale par ces présentes, nonobstant ordonnances, mandement ou défense à ce contraire.

          Donné à Paris le vingt-cinquième jour d'Avril, l'An de Grâce Mil Quatre cent huit ((julien)) et de notre règne le vingt-huitième.

          Par le Roi : le Comte de Mortaing, Messire Louis Delebret et plusieurs autres présents.

          Signature : De Rouvre.

          Les gens des comptes et trésoriers du Roi notre Sire à Paris, au Sénéchal et Receveur de Beaucaire et de Nîmes, ou à leurs Lieutenants, salut.

          Par vertu de lettres Royaux auxquelles ces présentes sont attachées, sous un de nos signes, par lesquelles pour les causses contenues entre celles-ci, le Roi notre dit Seigneur a donné et octroyé à Louis Malepue, Écuyer de l'écurie de Monseigneur le Duc de Berry, terme , respect, souffrance jusqu'en l'an prochain, venant à compter du jour de la date des dites lettres Royaux, de bailler par écrit son dénombrement que tenu de bailler, à causse de ses terres et juridictions, qu'il a en les lieux de Bernis, d'Uchaud et d'Aubord et de leurs appartenances qu'il tient du Roi notre dit Seigneur et dont il lui a fait foi et hommage, comme certifié et de la main de la Chambre des dits comptes au dos des dites lettres Royaux, nous vous mandons, et à chacun de vous si comme lui appartient, que les dites termes et délais, vous faites, souffrès et laissés ledit Écuyer jouir et user pleinement et paisiblement, pour les causes et par la forme et manière contenus en les dites lettres, pourvu toutes fois que premier et avant tout envoi, il ait fait et payé tous les droits et devoirs, si aucun en sont pour ce qu'il doit au Roi notre dit Seigneur, et aussi qu'il n'y ait autre chose, raison pourquoi faite ne le doyes ((?)), laquelle au cas qui y serait nous rescripssies ((?)) à la fin dues.

          Donné à Paris le quatrième jour de Mai l'an Mil quatre cent huit ((julien)).

          Signatures : De Aris

          Extrait tiré des Archives du Roy par le Sieur de La Gorce, Gardes des dites Archives (2).

           

          (1) Bernis, Uchaud et Aubord, communes du Canton de Vauvert, (Gard). (2) Tout les documents qui suivent , y comprit celui-ci, et excepté le N° III, sont aux Archives Départementales du Gard, Série E 117 ((ancienne côte))

           

          N° III : Lettres du Duc de Berry donnant le droit de quint deniers à Louis de Malepue.

          12 Juin 1408 ((julien))

          Jean, fils de Roi de France, Duc de Berry et d'Auvergne, Comte de Poitou, d'Estampes et de Boulogne, Lieutenant de Monseigneur le Roi en ses pays de Languedoc et du Duché de Guyenne,

          A notre ami et fidèle Conseiller et Trésorier Général Christophe de La Mer, commis par nous aux gouvernement et distribution de toutes les finances des dit pays, et aussi de tous les restes et arrérages dus à Monseigneur le Roi aux dit pays, à nous appartenant par don et octroi par mon Seigneur à nous fait, et par ses lettres salut et dilection.

           

          Nous voulons, vous demandons et enjoignons empressement que la somme de cent francs d'or, laquelle nous notre certaine séance, grâce spécial, pleine puissance et autorité Royale, dont nous usons en cette partie, avons donnée quittée et remise, donnons, quittons et remettons par ces présentes à notre bien-aimé Louis Malepue, Panetier de mon dit Seigneur et notre Écuyer d'écurie, pour considération des bons et agréables service qu'il a fait longuement et loyalement à mon dit Seigneur et à nous, en plusieurs et maintes manières, fait chaque jour, et espérons encore qui face dans l'avenir, de et sur ce en quoi il peut ou pourra être tenu envers mon dit Seigneur, et nous, à cause du quint denier des juridictions, cens, rentes et maisons des

          lieux de Bernis, Uchaud et Aubord, mouvent et tenues en foi et hommage de mon dit Seigneur, que feu Géral ((Guiraud)) Malepue, père dudit Louis et jadis lieux de Bernis, Uchaud et Aubord, mouvent et tenues en foi et hommagemon dit Seigneur, que feu Géral ((Guiraud)) Malepue, père dudit Louis et jadis notre Conseiller en son vivant, acquit et acheta à Antoine Scatisse, vous faites et souffriès ((?)) notre dit Écuyer quitte et possible par la recette de Beaucaire et de Nîmes, ou autre qu'il appartiendra, en manière que se soit tenu pour contant et mettant ou faisant mettre et délivrent hors de la main de celui de Monseigneur et notre juridiction, cens, rentes et maisons que pour cause dudit quint denier non payé ont été et encore empêchées, comme entendu avons, et par rapportant ces présentes et reconnaissances de notre dit Écuyer, par laquelle apport de la somme de cent francs d'or dessus dit, il aura été tenu quitte et paisible, nous voulons et mandons de cette somme de cent francs être allouer et compter et rabattue de la recette dudit Receveur de Beaucaire ou autres qu'il appartiendra, par nos chers et bien-aimés gens des comptes de mon dit Seigneur à Paris, et pourtant allouée ou mestier ((?)) sera, sans aucun contredit et non obstant autres dons par nous audit Louis autrefois fait, non exprimés en ces présentes ordonnances, mandements, restrictions et défense à ce contraire.

          Donné à Paris le douzième jour de juin, l'an de grâce Mil quatre cent huit

          Par mon dit Seigneur le Duc et Lieutenant.

          Signature : N.Barrau.

          N°IV : Quittance de Louis de Malepue, Gouverneur d'Aigues-Mortes. (Document à gauche)

          9 Avril 1409 ((julien))

          Sachant tous que, je Louis Malepue, Écuyer et levé sur le fait des aides ordonnés pour la guerre au Diocèse de Lodève, confesse avoir eu et reç de Maître Jean Bary, Receveur desdits aides et dudit Diocèse, la somme de 48 livres, 13 sols, 10 deniers, somme qui m'ait du à cause de mes gages de mon dit office d'élection, qui sont de 86 livres par an, depuis le 1er Septembre dernier, jusqu'à aujourd'hui, date de ces présentes ; de laquelle somme de 48 livres, 13 sols, 10 deniers, je me tiens pour bien comptant et bien payé, et en quitte le Roi notre Sire ou Pays de Languedoc, ledit Receveur et tous ceux à qui quittance en appartient.

          Donné en témoin de ce sous mon scel ((sceau)) et signé de ma main le Ixe jour d'avril l'an 1409.

          Sceau en cire rouge fruste L.M (1)

          (1) Bibliothèque Nationale. Manuscrit, pièce originales N° 1813, Dossier N° 14.897. – Parchemin Original.

             

            N°V : Lettres du Duc de Bourgogne nommant Amé de Viry Gouverneur d'Aigues-Mortes 14 Novembre 1417 ((julien))

             

            Jean, Duc de Bourgogne, Comte de Flandre, d'Artois et de Bourgogne, Palatin, Seigneur de Salins et de Malines,

             

            A tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut ;

            Comme pour le bien de Monseigneur le Roi et de la chose publique de son Royaume, qui longuement a été et encore, est en grande désolation, par la coupe et convoitise condamnable d'aucuns gens du petit état qui gouverne autour de mon dit Seigneur, nous nous soyons mis sur la puissance et que plusieurs cités de bonnes villes, gens d'églises, nobles, bourgeois, manants et habitants, comme bons et loyaux sujets de mon dit Seigneur, connaissant notre bonne volonté, aient fait obéissance à mon dit Seigneur et à nous, lesquelles autres villes de ce dit Royaume, pour le bien de mon dit Seigneur, des bons gens et habitants de celle-ci, soit nécessaire et besoin d'avoir des officiers non favorables à mon dit Seigneur et à nous.

            Faisons savoir que pour la bonne relation qui fut faite à nous, a été en la personne d'Amé de Viry, Écuyer, et pour les bons et agréables services qu'il noua fait et fait chaque jour, et menant en cette présente année, nous l'avons aujourd'hui fait, commis et ordonnons, par ces présentes, Châtelain d'Aigues-Mortes et de La Charbonnières, pour et au lieu de Louis Malepue ou d'autres détenteurs desdits offices, lesquelles, pour certaines causes à ce nous mouvant, avons déchargés et déchargeons par ces mêmes présentes, aux gages, droits, profits et émoluments ((rémunération)) accoutumées et qu'ils appartiennent, jusqu'à ce que mon dit Seigneur nous étant envers lui, en ait autrement ordonné. Et lui avons donné et donnons par ses dites présentes de pouvoir de faire et exercer lesdits offices et de faire tout ce que bon et loyal Châtelain peut et doit faire et des quelles offices il sera tenu de faire serment en nos mains.

            S'y prions et néanmoins mandons au Sénéchal de Beaucaire, au Juge de Nîmes et tous autres justiciers de mon dit Seigneur, leurs Lieutenants et à chacun d'eux, si comme il lui appartiendra que lesdits offices, le mettent et instituent ou face mettre et instituer de par mon dit Seigneur, en possession et saisine, et lui obéissent ou à ses commis pour lui en toutes choses touchant et regardant lesdits offices, des quels ensembles des gages, droits, profits et émoluments dessus dit, le fassent, s'ouvrent et laissant jouir et user pleinement, en optant et déboutant desdits offices, ledit Messire Louis ((Malepue)) et tous les autres illicites détenteurs non ayant sur ce nos lettres patentes précédant en date de cette.

            Mandons en outre, au Receveur dudit Beaucaire qui à présent est et sera pour le temps avenir, que lesdits gages, il paye, baille et délivre audit Amé de Viry, au termes et en la manière accoutumée. Et en rapportant les présents Vidimus, de celle fait sous sceau Royal ou autre sceau authentique etquittance suffisantes de chaque terme et payement, nous voulons tout ce qu'à cette cause lui aura été payé, baillé et délivré, être alloué es comptés et rabatu de sa réception par les gens de nox comptes qu'il appartiendra. En témoin de ce nous avons fait mettre à ces présentes notre scel secrét en l'absence du grand ((sceau)).

            Sonné à Chartres, le 14e jour de Novembre l'an de grâce 1417.

            Par Monseigneur le Duc

            Signature : Bordes. (Archives du Château de Véry Haute-Savoie)

             

            Le 23e jour de Janvier 1417 ((julien)) Aymé de Viry, Ecuyer, nommé au blanc de ces présentes, fait le serment es mains de Monseigneur le Duc pour raison de l'office de Châtelain d'Aigues-Mortes et de La Carbonnières ((c'est la Tour de Carbonnières qui est sur la route d'Aigues-Mortes à St-Laurent-d'Aigouze)), dont mention y est fait moi présent.

            Signature : Lombart.

             

            N° VI : Lettres de Grâce accordées par le Dauphin Charles aux héritiers de Malepue.

            6 Juin 1421 ((julien))

             

            Charles, fils du Roi de France, Régent du Royaume, Dauphin Viennois, Duc de Berry, de Touraine et Comte de Poitou,

            Faisons savoir à tous présents et à venir, Nous, avoir reçue humble supplication de Jehanette ((Jeannette)) veuve de feu Louis Malepue, en son vivant Châtelain d'Aigues-Mortes et de Janete ((Jeannette)) et de Cardete ((Gardette)) leurs filles, contenant comme pour les divisions et distensions qui des longtemps se sont mues en ce Royaume, ledit Louis Malepue, par mauvais intuitions et exhortations sous ombre et couleur d'aucunes lettres envoyées et publiées au nom de mon dit Seigneur et autrement à fait partie et tenue contre nous la grosse tour et forteresse d'Aigues-Mortes et de celles eurent fait et porté guerre ouverte et formés aux sujets et obéissant de mon dit Seigneur et notre et aux commis de par mon dit Seigneur et nous à la défense du pays de Languedoc, j'ai soit à plusieurs fois fait requis de nous rendre ladite place, ainsi que faire devoir comme à fils aîné et seul de mon dit Seigneur, dont il fut en refusant en se rendant rebelle, et désobéissance à mon dit Seigneur et a nous, durant lequel temps ledit Louis ((Malepue)) a tenu audit lieu d'Aigues-Mortes, aussi longtemps pour avoir accoutumé de faire sa dite femme et enfants ; car à sa volonté elles ne suent ne contredire, et jusqu'à que la dite grosse tour et ville d'Aigues-Mortes ont été mise et réduite en notre obéissance, où ledit Louis fut fait prisonnier, lequel nous avons pour lesdits crimes fait justicier en la ville de Beaucaire, pour occasion desquelles choses lesdites suppléantes doutent qu'on ne veuille dire tous les biens dudit Louis Malepue, et aussi qu'elles sont acquises et confisqués à mon dit Seigneur et à nous, et a cette cause leur empêcher leur dot et douanière et autre portion qui leur appartient sur lesdits biens, qui serait leur totale destruction et leur conviendrait de mendier, et perdrait ladite Cardete, qui est une jeune fille à marier de l'âge de quinze ans ou environ, du tout son bien, provision et avancement , si notre grâce et miséricorde ne leur était sur ce fait et impartie, si comme elles disent, requérant humblement celles-ci.

            Pourquoi nous considérons qu'aux dites femmes à convenu d’obéir au vouloir de leur dit mari et père comme il est dit, voulant pour ceux et aussi en faveur d'aucuns nos serviteurs, leurs parents, qui en ce moment fait supplier et requérir, préférer miséricorde à rigueur de justice et pour certaines autres causes et considérations qui à ce nous ont émeu et émeuvent auxdites Jehannete, Janete et Cardete, et à chacune de celles-ci, avons quitté, remis et pardonné, quittons, remettons et pardonnons, de grâce spéciale et de l'autorité Royale dont nous usons, tous crimes, amendes et offenses corporelles, criminelles et civiles, que pour occasion desdits divisions, dissensions et guerres qu'elles ou aucunes d'elles pourraient avoir commis et perpétré envers mon dit Seigneur et nous, les remettons et restituons à leurs honneurs, bonnes femmes et renommés et à tous leurs biens, meubles et immeubles et de leur dit mari et père, étant en nature de chose lesquels plus abondantes grâces nous leurs avons donnés et donnons par ces mêmes présentes et avec ce leur avons octroyé et octroyons qu'elles et chacune d'elles puissent succéder à toutes successions qui leur pourraient leur appartenir, tout ainsi et par la forme et la manière qu'elles eussent peu faire si lesdits cas ne fussent oncques et advenus, et sur ce imposons silence perpétuel aux Procureurs de mon dit Sieur et notre État an quelque cour que se soit.

            Ordonnons et mandons par la teneur de ces présentes à nos amis et fidèles Conseillers de mon dit Sieur, et les gens tenant et qui tiendront le Parlement de mon dit Sieur au pays de Languedoc ou autre part, les gens des comptes de mon dit Sieur, au Sénéchal de Beaucaire, au Gouverneur de Montpellier et a tous les autres Justiciers de mon dit Seigneur, où à leurs Lieutenants, présent et avenir, et à chacun d'eux si comme il lui appartiendra, que nos présents don et octroi, grâce, rémission et pardon, fassent, s'ouvrent et laissent lesdites suppléantes et chacune d'elles de jouir et user pleinement et paisiblement sans les travailler, molester et empêcher, ne souffrir être molestées, travaillées et empêchées pour cause de ce, au contraire en quelque manière que ce soit, en soit les corps ou biens d'elles ou d'aucune d'elles sont ou étaient pour être prises, saisies, arrêtez et empêtrez, le leur mettre ou fasse mettre sans délai à pleine délivrance, car ainsi nous plait-il, et voulons qu'il soit fait de grâce spéciale par ces présentes, nonobstant l'ordonnance de ni donner aucune chose du domaine de mon dit Seigneur et quelconques dons que pourrions, ni pour quelques cause que se soit, ordonnances, mandements ou défenses ou lettres sur ces prises, empêtré ou impétré à ce contraire, et afin que se soit chose ferme et établit pour toujours, Nous avons fait mettre notre scel ordinaire en l'absence du grand à cesprésentes, sauf aux autres choses le droit de mon Seigneur.

            Donné à La Ferté-Bernart le 6e jour de Juin l'an de grâce 1421,

            Par Monseigneur le Régent Dauphin

            Signatures : Guille-D'Aveugour, – Villebresme

             

            Suivit d'un Visa :

            Guillaume de Meuillon, Chevalier, Seigneur de Banbaret, Conseiller et Chambellan du Roi, notre Sire et de Monsieur le Régent du Royaume, Dauphin Viennois, Sénéchal de Beaucaire et de Nîmes.

             

            A Tous, Justiciers et Officiers Royaux, et à tous autres de notre Sénéchaussée, ou à leurs Lieutenants, salut ;

            Faisons savoir qu'à nous ont été présentées des lettres de très haut et puissant Prince Monsieur le Dauphin de Viennois, Régent du Royaume de France, avec l'honneur et référence des scellées de son sceau ordinaire, en l'absence du grand, auxquelles ces présentes notre sont attachées ; si vous mandons que vous mettez et faire mettre à exécution lesdites lettres de point en point jouxte la forme et teneur de celles-ci.

            Donné au siège de Béziers sous notre propres scel, le 5e jour d'Août l'an 1421. Signature de G.M

            ainsi par Mr le Sénéchal Signature de B.Cormi.

            N° VII : Nouvelles lettres de grâce accordées par le Roi Charles VII. (Document à Gauche)

            3 Janvier 1423 ((julien))

            Charles par la grâce de Dieu Roi de France,

            A nos amis et loyaux Conseillers, les gens tenants et qui tiendrons notre Parlement de Toulouse, salut et dilection ;

            De la partie de Jehannete, veuve Louis Malepue, en son vivant Châtelain d'Aigues-Mortes et de Jaumete ((c'est Jeannette)) et Cardete ses filles,

            Nous a été exposé en complaignant que comme que comme nous leurs ayons quitté, remis et pardonné tous crimes, amendes et offenses corporelles et criminelles et autres que pour occasion des divisions, dissentiments et tueries qui longtemps a se sont émeux en ce même Royaume et qu'elles ou chacune d'elles pourraient avoir commis et perpétré envers feu Notre Chrétien Seigneur et Père, dont Dieu ait la mémoire et nous, pour avoir obéir et adhérer à leur dit père et mari, en son vivant tenant le lieu et grosse tour d'Aigues-Mortes, contre notre dit feu Seigneur et père et nous, et les restituer à tous leurs biens, meubles et immeubles, et aussi à ceux de leur dit mari et père, et autrement comme plus à plein peut apparaître dans nos lettres de don et rémission, patentes données à La Ferté-Bernart le 6e jour de juin l'an de grâce mil quatre cent vingt-un ((julien)), expédiées par vous, notre Procureur Général, audit Parlement appelé, et aussi par nos amis et loyaux Conseillers, les gens de nos comptes à Bourges ;

            Néanmoins le Sénéchal de Beaucaire ou son Lieutenant, par importunité de notre Procureur en ladite Sénéchaussée et du Trésorier de cette Sénéchaussée ou autrement, voulant frustrer lesdites exposantes de notre dite grâce et octroi, a délayé et refusé d'exécuter nos dites lettres ainsi expédiées et de mettre à celles des exposantes lesdits biens à pleine délivrance, c'est pourquoi lesdites exposantes ont appelé dudit Sénéchal ou de son Lieutenant et leur appellations relevée par devant nous, laquelle poursuivie leur serait un très grand grief, dommage et dépense, et leur totale destruction, si comme elles disent, requérant sur ce humblement notre provision ;

            C'est pourquoi nous, ces choses considérés, que nous voulons nos officiers venir contre nos dons et octrois, mêmement quant-il sont expédiés et vérifiés par ceux qu'ils appartient, en la personne de notre Procureur Général, auquel la défense de notre droit avant tout autre appartient :

            Vous mandons que s'y vous apporte lesdites lettres de don, rémission et octroi, ainsi expédiées qu'il est, vous ladite appellation et cause par devant et introduite entre les parties pour la raison de ce qui dit, est annulé et mise du tout à néant, faites lesdites exposantes de jouir et d'user pleinement desdits dons, octrois, rémission et par ordonnance sans les molestées ou empêcher dorénavant en aucune manière au contraire, en défendant auxdits Procureur et Trésorier ou autres, à qu'il appartiendra que le dessus desdites exposantes, ni aucune de celles ils n'empêchent, molestent ou travaillent contre nos dits dons, rémissions, volonté et octroi. Mais en les laissant jouir et user pleinement et paisiblement, et par rapportant vidimus de ces présentes et aussi desdits don et rémission ainsi expédiées, nous voulons en demeurant décharger tous ceux à qu'il appartiendra, nonobstant ce qui est dit et quelconque lettres suscrite empêtrées ou a empêtrer à ce contraire.

            Donné à Bourges le tiers jour de janvier l'an de grâce mil quatre cent vingt-trois et de notre règne second.

            Par le Roi à la relation du Grand Conseil. Signature de Maulone.

            N° VIII : Ordre d'exécuter les Lettres de Grâce du Roi.

            30 Mai 1424 ((julien))

            Les Généraux Conseillers du Roi notre Sire, ordonnez sur le fait et gouvernement de toutes ses finances au pays de Languedoc, aux Trésoriers ou Receveurs ordinaires des Sénéchaussées de Carcassonne et de Beaucaire, Salut.

            Par nous, vues les lettres du Roi notre Sire, faisant mention de Jehannete, veuve Louis Malepue et de Jeannete et Cardete, filles dudit défunt nommées es dictés lettres, lesquelles sont attachées sous l'un de nos signets, nous consentons en tant qu'à nous que ces lettres soient entérinées et accomplies de point en point, selon leur forme et teneur, tout ainsi et par forme et manière que le Roi notre dit Sire le veut mande par celles-ci.

            Donné sous nos signets le XXXe jour de mai l'an de grâce mil quatre cent vingt-quatre. Signature de J.Gosset.

            Photo ci-dessus: Le Roi Charles VII qui accorda la Grâce Royale à la Veuve et aux filles de Louis de Malepue

            À Nîmes le Samedi 2 Décembre 2017 par Denis Cazorla

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