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L'HISTOIRE POUR TOUS

Ecrire et faire aimer l'histoire

10 janvier 1917: Exécution de Marguerite Francillard, couturière et espionne

L’Histoire pour Tous N° 29 :

10 janvier 1917: Exécution de Marguerite Francillard, couturière et espionne

 

En cette date de 1917 – avec le cri de départ: «Je demande grâce à la France! Vive la France! » – Marguerite Francillard, couturière Grenobloise de 18 ans, a été abattue dans la prison Parisienne de Saint-Lazare en tant qu'espion Allemand.

Son amant, un agent allemand qui se faisait passer pour un vendeur ambulant de soieries, avait amené la jeune femme naïve à faire office de courrier et à ce titre, elle transmettait traîtreusement ses messages entre Paris et Genève. Finalement, les services secrets allemands l'ont sacrifiée : un rien perdu pour un empire en guerre.

La cellule qu'habitait Marguerite Francillard en attendant son exécution était par la suite occupée par Mata-Hari , bien connu (bien que tout aussi marginal).

 

Voici ce que le journal La Croix du 1er avril 1922, écrivit sur Marguerite Francillard.

Marguerite Francillard était à St-Lazare, das la fameuse cellule N°12, qui reçut Mme Steinheil, Mme Cailleux, Mata-Hari et autres dames de grande marque.

Sa vie de prisonnière était exemplaire. Très pieuse, elle écoutait docilement les Sœurs de Charité.

Le 10 janvier fut son dernier jour ; ou plutôt sa dernière nuit, car, elle fut réveillée à 4 h 30, elle était morte à 6 heures.

Elle avait voulu entendre la messe. Je n’oublierai jamais cette cérémonie qui eut lieu dans l’antique chapelle de la crypte.

Sous la voûte sombre, aux arcades centenaires, l’autel resplendissait de lumières. Le prêtre officiait solennellement dans un silence impressionnant. La mort planait. Sur les dalles, trente religieuses étaient prosternées, le front contre la pierre, pendant que l’éclat des cierges projetait des reflets changeants sur leurs robes bleues et leurs cornettes blanches.

Marguerite Francillard était assise entre deux Sœurs, ses jolis cheveux d’un blond fauve dénoués dans le dos. J’étais derrière elle. Elle priait.

Tous ceux qui ont assisté à cette scène admirable dans sa simplicité en ont conservé un souvenir ineffaçable de beauté douloureuse et de grandeur religieuse.

Ile missa est. » Dit le prêtre.

 

Les dernières recommandations –

Marguerite Francillard se leva comme s elle allait sortir de l’église pour rentrer chez-elle.

Le bon abbé Geispitz était venu l’assister.

J’irais bien toute seule, disait-elle. Je n’ai pas peur.

Voulez-vous écrire ?

Merci. Je n’est personne qui s’intéresse à moi.

 

Le vénérable aumônier l’embrassa, et je l’entendis lui faire les ultimes recommandations :

Mon enfant, lui dit-il, vous allez monter au ciel. Le bon Dieu vous attend et vous accueillera. Mais faite-moi une promesse : quand, tout à l’heure, vous serez devant les soldats, vous crierez, avec tout votre petit cœur : Je demande pardon à Dieu et à la France. Vive la France !; vous me le promettez ?

Oui, mon père.

Marguerite Francillard tint parole. Elle s’avança lentement, d’un pas tranquille, vers le poteau. Elle repoussa doucement le bandeau qu’on voulait lui poser sur les yeux, et, face au peloton, nous l’entendîmes crier d’une voie faible « Je… demande … pardon … Dieu … Vive France ! »

La malheureuse, foudroyée, resta accrochée au poteau par un bras.

Les troupes défilèrent.

 

Le Petit Journal d’écrit dans son édition du 7 novembre 1925 les derniers instant de Marguerite Francillard, par Georges Martin ; toute jeune, de taille élégante et svelte, le visage mat, encadrée d’une magnifique chevelure aux reflets roux qu’elle portait, dans sa prison, serrée en deux longues nattes, c’était une petite couturière de Grenoble qui eut la malchance de tomber éperdument amoureuse d’un certain « Suisse » établi dans le Dauphiné. Ce « Suisse » était un Boche et c’était un espion. Il disparut , bien entendu à la veille de la guerre et fut promu Directeur du Centre Allemand de Renseignements à Genève. Marguerite Francillard, qui a toujours affirmé avoir ignoré son triste métier, eut le tort de ne pas rompre avec son amant et même d’accomplir pour lui, pendant la guerre, certaines missions plus que suspectes. Arrêtée à Paris, elle fut condamnée à mort, et, le 10 janvier 1917 exécutée.

Quant, au matin de ce jour-là, on alla réveiller la condamnée dans sa cellule de St-Lazare, l’émotion était générale : c’était la première fois qu’on allait fusilier une femme à Paris.

« Ce n’est pas possible ! … » répéta Marguerite Francillard d’une voie blanche, lorsqu’on l’avertit de son sort. Et le docteur Bizard note que ces paroles, en quelque sorte rituelles, ont été prononcées par toutes les fusillées de la guerre sans exception, Mata-Hari comprise.

Réconfortée par l’abbé Doumergue, aumônier de la prison, la condamnée se remit assez vite, et, ses deux longues nattes dans le dos, entourée de 30 religieuses, elle entendit paisiblement la messe dans la chapelle de la prison.

Elle n’eut point davantage de défaillance à Vincennes où, pourtant, elle dut attendre, pendant, 20 minutes, que fussent terminés les préparatifs de l’exécution. Elle refusa de se laisser bander les yeux, et tandis qu’on l’attachait au poteau, elle s’écriât : « Je demande pardon à Dieu et à la France. Vive la France ! ... ».

« À cet instant, achève le docteur Bizard, les fusils crépitent. La malheureuse maîtresse de l’espion Boche, s’affaisse, son corps restant attaché au poteau par un bras. De grosses gouttes de sang coulent tout le long des nattes fauves et se fignent en une large flaque qui fume sur la terre glacée. »

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