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L'HISTOIRE POUR TOUS

Ecrire et faire aimer l'histoire

L’Histoire pour Tous N° 26 : Gaetano Bresci, l’assassin du Roi Umberto 1er d’Italie

Des émeutes de Milan du 7 mai 1898 au « suicide » de Gaetano Bresci le 22 mai 1901.

 

Nous sommes à Monza, le dimanche 29 juillet 1900 ; il est 22 h 30, quatre coups feux retenti, un homme vient d’abattre Umberto 1er Roi d’Italie, qui se dirigeait dans un carrosse découvert vers la Villa Reale de Monza, prés de Milan remettre un prix de gymnastique dans le Parc de Monza. Le roi meurt un quart heure plus tard, tandis que l’assassin échappe au lynchage des Gymnastes, grâce aux forces de l’ordre.

 

Ci-dessus : L'assassinat d'Umberto 1er

Qui est cet homme qui vient d’assassiner le Roi Italie ?

L’assassin n’est autre que l’anarchiste Gaetano Bresci (1869-1901).

 

Qui est Gaetano Bresci ? (photo ci-dessous)

 

C’est un anarchiste Italo-Américain ; dernier-né des quatre fils de Gaspare et Maddalena Godi, qui sont agriculteurs et propriétaires d’une petite ferme, au hameau Goiano, de la ville de Prato, à quelques kilomètres de Florence en Toscane, le 10 novembre 1869.

 

 

 

Il travaille dès l’âge de 11 ans, comme apprentie dans une usine de filature à Prato, où il y travaille de 14 à 15 heures par jour et devient rapidement ouvrier qualifié. Dès l'âge de 15 ans, il fréquente le cercle anarchiste de Prato. Le dimanche il fréquentait l'école municipale des arts et métiers du textile et des teinturiers à Prato , devenant décorateur sur soie et, à l'âge de quinze ans seulement, il devint ouvrier spécialisé. Il travailla comme tisserand au " Fabbricone " (" la grande usine ") de Coiano di Prato, ouvert en 1888 par la société Allemande Kössler, Mayer et C., ensuite à la Vannini de Florence et à Compiobbi.

 

Gaetano commença à fréquenter les cercles anarchistes de Prato et, en décembre 1892, à l'âge de 23 ans, il participe à sa première grève, ensuite réprimée par l'occupation militaire de l'usine, et en conséquence de ça Bresci démissionna. La police le ficha comme " anarchiste dangereux " et le magistrat de Prato le condamna le 27 décembre 1892 pour " outrage à agent de la force publique et refus d'obéir à la force publique " à une amende de 20 lires et à 15 jours d'emprisonnement, sur lesquels plus tard fut accordé une rémission de peine.

Il fut de nouveau arrêté, " pour des mesures de sécurité publique ", en 1893 et 1895, et assigné pendant plus d'un an au domicile obligé dans l'île de Lampedusa avec 52 autres anarchistes de Prato, en application des lois répressives promulguées par Francisco Crispi (1818-1901). Il fut libéré avec ses camarades en mai 1896, grâce à une amnistie accordée après la défaite du 1er mars 1896 à la Bataille d’Adoua, dans la Guerre Italo-Éthiopienne. Au cours des années suivantes, pour son casier judiciaire, il eut du mal à se faire embaucher et il dut fréquemment changer d'emploi, même si un de ses employeurs déclara lors du procès : " Je dois admettre honnêtement qu’on avait que peu d'ouvriers comme lui ".

 

Après avoir cherché en vain un emploi à Prato, Bresci se transféra à Ponte all' Ania, un hameau de Barga dans la haute Plaine de Lucques, où il fut embauché en 1896 par l'usine de tissage, " Michele Tisi e C. ".

 

Il semble qu'à Ponte all' Ania, Bresci se rendit souvent sur les rives du ruisseau Ania, pour faire feu sur les cailloux, montrant ainsi qu'il visait très bien. En été 1897, il eut un enfant de Maria, une ouvrière de sa même usine, et au début de l'automne, il revint à Coiano pour emprunter trente lires à son frère, afin de contribuer aux frais pour le bébé (le " baliatico "). Puis il retourna à Ponte all'Ania pour quelques semaines ; à la fin du mois d'octobre, il démissionna de l'usine Tisi, puis revint à Coiano, où il annonça son départ pour l'Amérique.

 

En dépit d'être autodidacte, Bresci montra toujours un excellent niveau culturel et une multiplicité d'intérêts allant au-delà de la politique. Le médecin de la prison de Santo Stefano, Francesco Russolillo, déclara que ses yeux " cachaient des flammes et des abysses " et qu'il " avait une culture et un' âme qui, si elles n'avaient pas été dévouées au mal par un' œuvre de destruction morale, auraient fait de lui le meilleur des travailleurs intelligents ’’.

Sa vie aux États-Unis :

 

Photo ci-dessous : Le Ville de Paterson, New-Jersey

Bresci partit de Gênes sur le bateau " Colombo " le 18 de janvier de 1897, en débarquant le 29 de janvier à New-York, où il fut accueilli par son camarade Gino Magnolfi. Dès son arrivée, il trouva un emploi à la soierie Givernaud & Co. à West Hoboken (actuellement Union City), dans le New Jersey, où il resta environ trois ans. Ensuite, il passa à la soierie Hamil and Booth Co. de Paterson, aussi dans le New Jersey, à environ 20 km de West Hoboken, puis à la Emelburg. Il restait à Paterson toute la semaine, et revenait le samedi à West Hoboken, où il avait gardé son domicile, au 263 de Clinton Avenue, et où en août 1898 vint habiter avec lui Sophie Knieland (ou peut-être Neill). Elle avait des origines Irlandaises, ils s'étaient rencontré en avril et, depuis juin, elle devint sa compagne. Selon une déposition publiée par Sophie après le régicide, elle et Gaetano s'étaient mariés devant un juge de paix. Gaetano et Sophie eurent deux filles. L’aînée, née le 8 de janvier de 1899, s'appelait Maddalena, comme sa grand-mère paternelle, qui était décédée en 1891, et la cadette, née après l'attentat, le 28 septembre de 1900, s'appelait Muriel dite Gaetanina.

 

Paterson était une ville d'immigrants, avec une forte présence Italienne, en étant aussi un important centre anarchiste aux États-Unis, où Bresci retrouva de nombreux camarades de combat qu'il avait connu en Italie. Selon le « New York Times » du 18 décembre 1898, deux mille cinq cent des dix mille Italiens résidant à Paterson se déclaraient anarchistes. Une semaine après son arrivée, Bresci s'inscrivit à la Société pour le droit à l'existence. Un mois plus tard, il acheta dix actions de la valeur d'un dollar chacun de la maison d'édition " Era nuova ". Bresci collabora avec le journal ’’ La questione sociale ", qui pendant une période avait été dirigée par Errico Malatesta (1853-1932), arrivé à Paterson en août 1899, en provenance de Londres, via la Tunisie, qu'il avait atteint après s'être échappé de son domicile obligé à Lampedusa, dans la nuit entre 29 et 30 de avril 1899.

 

Bresci participait régulièrement aux réunions, même s'il ne prenait pas souvent la parole, et lorsqu'il le faisait, il parlait calmement et sans élever la voix. Il commençait souvent par la préface " une petite observation ", qui devint une sorte de surnom avec lequel on l'appelait.

 

À Paterson, Malatesta, partisan de la tendance collectiviste, se disputait avec l'anarchiste individualiste Romain, Guiseppe Ciancabilla (1872-1904), directeur de l'autre journal Anarchiste de la ville, " L'Aurora ", qui jusqu'en 1897 était socialiste, collaborateur du journal du Parti Socialiste. " Avanti! ". Le 12 novembre de 1899, dans le Tivola and Zucca's Saloon, à la Central Avenue de West Hoboken, les deux anarchistes s'affrontèrent dans une violente querelle au cours de laquelle Bresci aurait sauvé la vie de Malatesta en arrachant le revolver de la main du coiffeur anarchiste Domenico Pazzaglia, qui l'avait attaqué en le blessant à la jambe. Le même Bresci, lors du procès du régicide, témoigna qu'il n'était pas là lors de la dispute, tandis que dans un autre interrogatoire, il confirma d'avoir désarmé le coiffeur, tandis que Ciancabilla n'était pas là. Le journal « Gazzetta di Torino » du 2 août 1900 présenta l'événement rien de moins que comme " un duel de revolver à l'Américaine ". Dans la controverse idéologique entre les deux, Bresci était plus proche des positions individualistes de Ciancabilla, le journal duquel " L'Aurora " avait applaudi le régicide de Monza, tandis que Malatesta, dans un article intitulé " Cause ed effetti " n'adhéra pas au geste de Bresci, tout en identifiant ses causes dans l'injustice sociale.

 

Préparation de l’attentat :

En février 1900, Bresci dévoila à Sophie son voyage imminent en Italie. Le 7 mai, il démissionna de son poste à l'usine et le 10 mai, il demanda à deux camarades de lui acheter un billet. Il s'embarqua le 17 de mai de 1900 sur le vapeur Français ’’La Gasgogne’’ de la Compagnie Générale Transatlantique, voyageant en troisième classe et profitant de la réduction de 50 % offerte aux visiteurs de l'Exposition Mondiale de Paris. Fin mai, Bresci débarqua au Havre puis se rendit à Paris où il visita l'exposition. Plus tard, il fit une étape à Gênes et, le 4 juin, il arriva à Prato, où le commissaire de police refusa de lui accorder une autorisation de port d'armes à feu.

 

Photo ci-dessous: Le Gasgogne.

Du 20 juin au 8 juillet, il était à Castel San Pietro (Province de Bologne), où vivait sa sœur avec son mari, qui était aussi son compagnon de travail au Fabbricone. À Castel San Pietro, il séjourna à l'Osteria della Palazzina, gérée avec son mari par la sœur de Stella Magri, épouse de son frère Lorenzo. Le 8 juillet, il se rendit à Bologne pour assister à l'inauguration du monument à Garibaldi, puis rentre à Castel San Pietro le 19 juillet. Le 20 juillet, il se trouvait à Bologne, puis à Parme, à Plaisance et le 27 juillet à Monza, où Umberto 1er séjournait depuis le samedi de la semaine précédente, le 21 juillet.

L’Attentat 

Le 29 juillet au soir, Bresci se rendit sur le terrain d'entraînement de la Société Gymnastique " Forti e Liberi ‘’, en via Matteo da Campione, très proche à la Villa Reale, où le roi devait décerner des prix aux athlètes à la fin d'une démonstration de gymnastique.

 

L'anarchiste, à 21 h 30, vit le roi arrivé dans une voiture hippomobile Daumont tirée par deux paires de chevaux, mais il ne tenta pas d'attaquer et se limita à identifier Umberto 1er, pour éviter de le confondre ensuite avec les autres passagers de la voiture.

 

Bresci était élégamment habillé, avec col droit, cravate noire, montre de poche avec chaîne et un anneau au doigt. Il emportait avec soi le revolver à cinq coups Hamilton & Richardson " Massachusetts " de 1896, qu'il avait acheté à Paterson, le 27 février. Sur chaque balle, il avait fait plusieurs incisions avec des ciseaux, comme ils lui avaient raconté à propos du bandit Américain Jesse James, afin d’augmenter leur dangerosité, facilitant la pénétration au cas où le roi porterait une armure, et causant plus facilement l’infection des blessures.


À 22 h 30, après la cérémonie de remise des prix, le roi remonta dans la voiture et s'apprêtait à quitter le terrain d'entraînement en direction de la Villa Reale, située à quelques centaines de mètres. Le Lieutenant Général Emilio Ponzio Vaglia (1831-1912), Ministre de la Maison Royale, et le Lieutenant Général Felice Avogadro di Quinto (1844-1907), Premier Aide de Camp, étaient avec Umberto 1er .

 

Dans le plan publié par le journal socialiste " Avanti! "  (ci-contre) est indiqué le lieu de l'attaque, avec la position de la voiture marquée par une croix. Le roi était debout à l'intérieur de la voiture ouverte et était sur le point de s'asseoir lorsque Bresci tira quatre balles n'étant qu'à quelques pas.

 

Umberto 1er fut atteint du premier coup à l'arrière du cou, puis il se retourna instinctivement et fut touché par deux autres coups à la poitrine, dans la région cardiaque, tandis que la quatrième balle fut retrouvée, sans traces de sang, au fond de la voiture, et donc elle n'avait pas touché la cible. Umberto 1er s’affaissa dans la voiture et ordonna au cocher : " Allez-y, allez-y ! " Et, quand on lui demanda comment il se sentait, il répondit : " Je ne crois pas que ce soit rien de sérieux ". Il fut emmené à la villa et couché sur son propre lit, où, quinze minutes après l'attentat, il décéda.


Les trois coups sur quatre qui touchèrent la cible témoignent que Bresci visait bien, tandis que la cinquième cartouche du revolver ne fut pas tirée et fut retrouvée dans le barillet, avec les quatre douilles des balles qui furent tirées.

Pourquoi l’attentat :

 

Photo ci-dessous : Le revolver qu'utilisa Bresci pour assassiner le Roi Umberto 1er conserver au Musée Criminel de Rome

 

Le mobile de l'attentat était la vengeance des massacres de travailleurs, ordonnés pour réprimer les soulèvements de protestation, comme ceux de Conselice (Province de Ravenne) en 1890, de Sicile et Lunigiana en 1894 et de Milan du 7 mai 1898, où l'armée tira sur la foule qui protestait, assassinant des centaines de personnes (le nombre exact n'a jamais été établi). Le soulèvement de Milan naquit de la tristement célèbre " impôt sur la mouture " qui avait provoqué une énorme augmentation des prix du pain et de la farine, ce qui conduisit à l'assaut des boulangeries et à la répression la plus sévère, même au moyen d'armes à feu. Le massacre de 9 000 soldats italiens lors de la Guerre catastrophique d'Éthiopie de 1896 jeta également les bases du régicide.


L'anarchiste Amilcare Cipriani (1843-1919), dans le livret " Bresci e Savoia " de septembre 1900, écrivait : " De la foule immense de victimes de la misère et des massacres de Lunigiana, de Sicile et de Lombardie, surgit, un vengeur, Bresci ".

 

Ci-dessus : La troupe tirant sur les émeutier à Milan le 7 mai 1898

 

Il est clair que le soutien apporté par la bourgeoisie Milanaise aux répresseurs, avec le slogan : " Tirez fort, visez juste " avait été reçu par Gaetano Bresci, qui déclara lors du procès : " après l'état de siège en Sicile et à Milan, établi illégalement par décret royal, j'ai décidé de tuer le roi pour venger les pâles victimes.'' 

 

Le même Umberto 1er (photo ci-contre) auquel bien des gens attribuent la responsabilité politique du massacre, avait récompensé par la Croix de Grand Officier de l'Ordre Militaire de Savoie et par la nomination au poste de Sénateur du Royaume du Général Piémontais Fiorenzo Bava Beccaris (1831-1924), qui avait ordonné le massacre, en se congratulant avec lui pour avoir défendu la civilisation.

 

Au cours du procès, Bresci rappela comme cause du régicide les massacres commis et le fait d'avoir vu " les auteurs des massacres de mai récompensés au lieu d'être pendus ". L’anarchiste Armando Borghi (1882-1968) se souvient comment, après 1898, le meurtre d’Umberto 1er était considéré comme " un premier pas utile vers une révolution républicaine ".


L'attentat de Bresci n'était pas la première tentative d'assassinat contre Umberto 1er : auparavant Giovanni Passannante (1849-1910), de Salvia di Lucania (Province de Potenza), le 17 novembre de 1878 à Naples et Pietro Accaiarito (1871-1943), d'Artena (Province de Rome), le 22 avril 1897 à l'hippodrome de Capannelle à Rome tentèrent en vain de poignarder le roi. Pour Acciarito, l'attentat avait été déclenché par l'indignation du fait que le Roi avait offert un prix de 24 000 lires au cheval gagnant, alors que de nombreux italiens, dont Acciarito, étaient dans une situation financière difficile.


Giuseppe Ciancabilla sur " L'Aurora " de Paterson, écrivit : " Les erreurs commises par Passannante et Acciarito nous ont appris qu'aujourd'hui, une arme de poing à répétition est plus fiable qu'un poignard ! ", tandis que le même Umberto 1er, après les deux attentats au couteau, avait prévu que quand les assaillants auraient mis de côté le poignard et se seraient décidées à attraper le pistolet, il aurait été condamné.

Après l’attentat :

 

Bresci se laissa arrêter peu après le régicide (image ci-dessus), sans opposer aucune résistance, et déclara : " Je n' pas tué Umberto 1er. J'ai tué le roi. J'ai tué un principe ". Au moins huit personnes se disputèrent le " mérite " d'avoir attrapé Bresci ; immédiatement après, des passants tentèrent de le lyncher et la police leur empêcha de le faire. L'anarchiste eut toujours un comportement calme, et trois jours après l'attentat, un journal annonçait : " il mange toujours cyniquement ". Juste près l'attentat les autorités établirent une sorte de cordon sanitaire autour de Monza et les informations sur le régicide se propagèrent avec difficulté. Les premiers reportages des journaux montrèrent que le régicide était un certain Angelo Bressi, puis ils se corrigèrent et fournirent davantage de détails.

 

L’assassinat du Roi d’Italie fit la ’’Une’’ des journaux Italiens et dans la presses internationales.

Le ’’Complot’’ :


Au cours des interrogatoires, les carabiniers essayèrent de contraindre Bresci à avouer qu'il avait des complices, ce que l'anarchiste n'admit jamais, expliquant plutôt à ses geôliers les raisons de son acte. Bresci donnait des réponses d'une " finesse sans égal ", irritant le Colonel des carabiniers pour " la façon malheureusement convaincante avec laquelle il s'exprimait ".

 

Un de ses supposés complices est l'anarchiste Luigi Granotti (1867-1949, photo ci-concre), de Sagliano Micca (Province de Bielle), surnommé " il biondino " (c'est-à-dire " le blondin " bien qu'il n'était pas blond), fut poursuivi pendant de nombreuses années en tant que complice de Bresci. Granotti était venu en Italie de Paterson deux semaines après Bresci et était avec lui à Monza à l'époque du régicide. Il avait quitté l'Italie quelques jours plus tard, traversant les Alpes pour se rendre à Gressoney et passant par la Suisse. Malgré la condamnation à la réclusion à perpétuité par contumace prononcée le 25 novembre 1901, il n’est pas du tout certain que Granotti ait participé au régicide où qu’il en ait été informé à l’avance. Luigi Granotti fut poursuivi pendant des décennies, avec de nombreuses fausses observations dans le monde entier, de Shanghai à Buenos Aires, de Londres à San Francisco, de Chicago à Singapour. De toute façon, il ne revint jamais en Italie et décéda à New-York en 1949.

Le Procès :

 

L'affaire fut préparée pour le procès en un mois seulement. Le 17 août, la section du Ministère public prononça l'ordonnance de renvoi en jugement. Par décision du président Luigi Gatti, le procès ne dura qu'un jour, le 29 août 1900, de 9 heures à 18 heures, à la Cour d'Assises de Milan, dans le Palais du Capitaine de Justice, sur la place Beccaria. lourdement gardé par des troupes. Le tribunal rejeta la demande de la défense de reporter le procès à des temps plus sereins. Bresci demanda d'être défendu par Filippo Turati (1857-1932), qui, après une conversation avec lui le 20 août, l'informa le lendemain de son refus, même parce qu'il ne pratiquait pas depuis dix ans. Turati décrivit le prisonnier comme sympathique, sans traits anormaux, mais avec " une figure froide et concentrée, presque glaciale, tant qu'il rendait sa pensée impénétrable ", mais qui se souciait de ne pas ressembler à un criminel ordinaire. Le leader socialiste, cependant, le jugea avoir une intelligence très limitée.

 

Turati recommanda à Bresci de confier sa défense à l'avocat Francesco Saverio Merlino (1856-1930), originaire de Naples, qui, dans sa jeunesse, avait été anarchiste, ancien agitateur politique aux États-Unis, même à Paterson, même si, au moment du procès, ses sympathies étaient pour les socialistes révolutionnaires, bien qu'il n'était pas impliqué dans la vie politique. Merlino fut nommé la veille du procès et demanda en vain un report pour étudier l’énorme quantité de documents et pour convoquer des témoins de la défense résidant aux États-Unis, ainsi que pour vérifier l’existence possible d’un complot né à Paterson, dont Bresci aurait été l'exécuteur matériel. Merlino était épaulé par l'avocat Mario Martelli, Président du Barreau de Milan, qui était initialement l'avocat nommé par le tribunal.

 

Les reporters des journaux bourgeois se déchaînèrent avec des descriptions négatives de Bresci, l'appelant " antipathique "," canaille ", " démoralisée et accablé ", " nerveux et asymétrique ", " répulsif " , " vipère " , " bête féroce ", " dégénéré " ," reptile " ," abject " et " pervers ". Physiquement, il était " plutôt laid ", selon d'autres " très laid ", avec " des yeux enfoncés ", " un regard oblique ", " un air sinistre ", " un gros nez ", " un menton court et saillant ( ?! ) ", et ayant rien de moins ’’que ces ongles longs ". En outre , il apparaissait " osseux, mais pas vigoureux ", " maigre " montrant " des traits du visage très marqués " , caractérisé par " une pâleur profonde du visage " , " une voix très faible et tremblante ", " dépourvue de toute énergie physique et mentale " , pour ne passer sous silence le fait qu'il " fait preuve de férocité et induit la répugnance ", et que " le dégoût qu'il suscite devient de la nausée ". Le journal " Il Correre della Sera " du 31 août 1900 vexa même la petite fille de Bresci, Maddalena, la décrivant comme frêle et maladive, à dix-huit mois, elle n'a pas encore poussé les incisives ".

 

Même au cours du procès, le Ministère Public, en la personne du Procureur Général locum tenens (lieu-tenant, personne tenant lieu), près la cour d’appel de Milan Nicola Ricciuti (1840-1910), chercha de créditer la thèse du complot anarchiste visant à tuer Umberto 1er, ce qui, à son avis, était prouvé par le fait que l'accusé venait de Paterson, lieu d'une grande colonie anarchiste. Bresci, toutefois, soutint toujours qu'il avait agi tout seul et de sa propre initiative.

 

Maître Merlino (photo ci-contre) arriva de Rome sans pouvoir dormir, car il avait dû étudier dans le train les documents disponibles et avait été filé par des policiers en civil. Au cours de l'audience, il fut interrompu à plusieurs reprises par le Président du Tribunal, le Procureur de la République et le public qui, selon le journal Napolitain " Il Mattino " , était composé de " journalistes, de flics en civil et de carabiniers " chercha de faire réfléchir sur le fait que la violence des individus était alimentée plutôt que réprimer par la violence et la répression de l'État, et sur l'utilité de faire justice, plutôt que vengeance, afin de ne pas générer d'autres actes de rébellion violente, tels que le régicide.

 

Dans sa brève plaidoirie défensive, Maître Martelli avait soutenu au contraire que, bien qu'il n'était pas fou, Bresci était obsédé par l'identification erronée du roi avec l'État, et avait également demandé de faire justice et non de vengeance.

 

resci fut condamné pour crime de régicide " à la réclusion criminelle à perpétuité, dont les sept premières années de détention en cellule, à l'interdiction perpétuelle d'exercer des fonctions publiques, à l’interdiction légale, à la privation de la capacité testamentaire, considérant nul le testament qu'il aurait fait par hasard avant la peine " (la peine de mort avait été abolie en Italie en 1889 par le code pénal de Zanardelli).

 

Il semble que sa compagne Sophie, une fois reçu la nouvelle de la condamnation, avait adressé une supplique à la Reine Mère, même si cette circonstance avait été démentie par les environnements anarchistes de Paterson.

 

Bresci refusa d'interjeter appel du jugement devant la cour d'appel ; Maître Caberlotto, collaborateur de Maître Martelli, lui rendit visite en prison et Bresci déclara qu'il ne faisait appel qu'à la prochaine révolution. Le jugement de condamnation fut affiché le 8 septembre aux angles des rues de Milan.

Au Pénitencier de Santo Stefano :

 

Les procédures de détention et de transfert de Bresci furent toujours tenues cachées pour la crainte que ses camarades anarchistes ne cherchassent à le libérer. Le condamné fut d'abord isolé dans la prison Milanaise de San Vittore, puis il fut embarqué à La Spezia le 30 novembre 1900. Le 23 janvier 1901, à 12 heures, il fut pris en charge dans le registre du Pénitencier de l'île de Santo Stefano, dans l'archipel des îles Pontines, après avoir été débarqué du bateau à roue à aubes "Messaggero" de la marine royale Italienne.

 

Les deux dates d'arrivée et de départ sont incompatibles avec la distance relativement courte entre La Spezia et Santo Stefano, ce qui pourrait s'expliquer par une détention à mi-parcours, mentionnée à l'époque par les journaux, dans le Pénitencier de Portoferraio, sur l île d'Elbe. Bresci aurait été enfermé dans l'une des vingt cellules de la section d'isolement appelée " La Rissa ", à trois mètres sous le niveau de la mer, où Bresci aurait écrit, sous une fenêtre, la phrase : " la tombe des vivants ". Le temps passé à Portoferraio aurait été le délai nécessaire à la mise en place de la cellule attribuée à Bresci à Santo Stefano, mais d'après Petacco, le transfert était dû à la solidarité des autres prisonniers envers Bresci, même en raison de sa détention continue en chaînes, ce qui n'était plus permis par la loi.

 

 

Photo ci-dessus : île Santo Stefano

 

Un reportage publié par le journal Napolitain " Il Mattino ", rédigé par le Cavalier G. Di Properzio, qui s'était rendu à Santo Stefano deux jours après la mort officielle de Bresci, le prisonnier déguisé aurait quitté Milan pour rejoindre La Spezia, avec un train direct le soir du 21 janvier 1901, escorté par le Directeur Général des prisons, Antonio Alessandro Doria (1851-1925) et par cinq carabiniers. De la gare de La Spezia, toujours déguisé et complètement rasé, il aurait été emmené en calèche à l'Arsenal, d'où il se serait embarqué sur le " Messaggero " en direction de Santo Stefano et serait arrivé presque deux jours après.

 

Pendant le transfert en mer à Santo Stefano, l'équipage avait ordre de ne pas parler à Bresci, mais il semble qu'un marin, Salvatore Crucullà, lors de son transfert en bateau à rames du " Messaggero " à l'île, aurait demandé à l'anarchiste pourquoi il avait tué le roi. Bresci aurait répondu : " Je l'ai fait aussi pour vous ", déclenchant le rire de l'équipage, qui n'avait pas compris le sens de la phrase.

 

À Santo Stefano, une cellule avait été modifiée à dessein pour Bresci. La Direction Générale des Services Pénitentiaires en transmit le plan au cavalier Cecinelli, le Directeur du Pénitencier : elle était absolument identique à celle qu'Alfred Dreyfus occupait sur l'île du Diable depuis 1895 et qu'aurait occupé jusqu'en 1906. Pietro Acciarito, le meurtrier manqué d’Umberto 1er en 1897, avait été enterré vivant dans la cellule avant d’ être emmené à l’asile des criminels aliénés de Montelupo Fiorentino, où il termina ses jours en 1943.


 

La cellule( photo ci-contre) était légèrement plus petite que les cellules ordinaires et mesurait 3 x 3 mètres : le seul mobilier consistait en un lit en bois avec un matelas en crin (qui devait être levé et attaché au mur avec de grandes courroies en cuir), un tabouret fixé au sol, une bassine en bois et le seau à latrine. La cellule était séparée des autres, les cellules des deux côtés étaient occupées par les gardes et placées au bout d'un couloir construit entre les bureaux et les dépôts. Même la terrasse pour l'heure d'exercice était isolée, de sorte que le prisonnier était tenu à l'écart également lorsque son isolement était atténué. La terrasse était le seul endroit où les prisonniers pouvaient théoriquement voir Bresci, mais son heure d'exercice coïncidait avec le moment où ses codétenus étaient enfermés : en effet, ils comprirent que Bresci était décédé simplement parce que leur interdiction de sortir à cette heure était terminée. Sur la terrasse, il y avait aussi deux guérites pour les deux gardes qui le surveillaient à chaque instant.

 

Le 18 mai, l'inspecteur Alessandro Doria se rendit à Santo Stefano, atteignit la prison et ordonna au directeur d'enlever au prisonnier l'usage d'un tabouret bas, car il pouvait s'asseoir par terre et s'appuyer contre le lit, de lui interdire de tenir avec soi un mouchoir et de porter des maillots de coton, ainsi que d'acheter des savonnettes. Il lui était également interdit d'écrire ou de recevoir des lettres de sa compagne Sophie.

 


Bresci avait les pieds enchaînés et portait l'uniforme au col noir, distinguant les condamnés à perpétuité en prison pour les crimes les plus graves, tandis que les autres détenus avaient un col jaune. Ses repas quotidiens consistaient en une gamelle de soupe-maigre (sans viande) et une miche de pain. De plus, il pouvait faire ses courses au magasin de la prison, mais il le faisait rarement : des soixante lires déposées auprès de l'administration (envoyées d'Amérique par sa femme) , il en avait dépensé moins de dix.

 

Même à Santo Stefano, Bresci eut un comportement calme et accepta la visite de l'aumônier de la prison, le Père Antonio Fasulo, mais seulement pour se procurer des livres. Il reçut une copie de la Bible et l’une des « Vies des Pères », qu’il n’apprécia pas, et donc il demanda le vocabulaire Français-Italien Cormon et Manni, qu’on retrouva dans sa cellule ouvert et froissé lorsqu’on découvrit officiellement son cadavre. Bresci disposait également du bulletin mensuel de la " Rivista di disciplina carceraria " (" Journal de discipline de la prison "), conçu pour l'éducation des prisonniers, contenant des nouvelles édifiantes, moraux et patriotiques, le quatrième et dernier livre disponible dans la petite bibliothèque du pénitencier

Sa mort : Suicide ou Assassinat ?

 

Le bureau d'enregistrement de l’Établissement Pénitentiaire Royal de Santo Stefano inscrivit le décès du prisonnier " Gaetano Bresci, fils de feu Gaspero, condamné à la réclusion à perpétuité pour le meurtre du roi d'Italie à Monza ". Gaetano Bresci avait trente-deux ans.
Le geôlier Antonio Barbieri soutint qu'il avait retrouvé Gaetano Bresci mort à 15 heures, le mercredi 22 mai 1901, après dix mois d'emprisonnement. À 14 h 45, Barbieri avait vu Bresci vivant, lisant près de la fenêtre de la cellule. Selon la version officielle, Bresci se serait étranglé avec une serviette ou un mouchoir (selon deux versions, toutes deux officielles), accroché aux barreaux de la fenêtre, évitant la surveillance continue du judas, alors que le geôlier à 14 h 50 s'était éloigné quelques minutes pour des besoins, et sans faire de bruit, alors qu’ il avait les pieds bloqués dans une longue chaîne, fixée à un mur de la cellule qui tintait au moindre mouvement du prisonnier. Les deux geôliers Barbieri et De Maria furent suspendus du service.

 

Selon la version officielle, le deuxième geôlier, Giovanni De Maria, dormait et se précipita à l'appel de Barbieri, accompagné du détenu Leonardo Tamorria, forgeron de Partinico (Province de Palerme), libre de se déplacer à l'intérieur de la prison, puisqu'il s'occupait des services généraux. D'après le registre de la prison, il semble que la dernière inspection ait eu lieu à 9 h 30 et la dernière vérification des bars à 13 h 10.

 


Selon le journal anarchiste « Rivista Anarchica », la première version officielle, qui faisait référence à une serviette, avait été changée, lorsqu’on apprit que les détenus n'étaient pas autorisés à garder leurs serviettes dans la cellule. Ils décidèrent donc de parler d’un mouchoir, qui devait quand même être assez grand pour se pendre. D’autres versions font référence à une nappe (personne ne sait d’où elle pourrait provenir, vu que Bresci n’avait même pas une table dans sa cellule), à une cravate (on ne sait pas comment un prisonnier pourrait se procurer un tel vêtement), attachée à la serviette ou le col de la livrée ou le pantalon de l'uniforme de la prison coupé en bandes et noué pour former une corde. Il ne semble pas que ces objets aient été retrouvés dans la cellule. Au contraire, le médecin de la prison, Francesco Russolillo, remarqua lors du premier examen du cadavre qu'il portait l'uniforme à rayures blanches et noisette, et que le pantalon était intact. Par conséquent, il y a un suspect fort et fondé que Bresci ait été assassiné, peut-être à une date antérieure à celle officiellement déclarée.

 

Comme d'habitude, Gaetano Bresci avait laissé pour le dîner une partie de sa ration quotidienne qu'il avait reçu le matin, une soupe de maigre sans viande avec des légumes et des pâtes, ainsi que du pain gris, ce qui ne laisse pas penser à une personne sur le point de se suicider.


Le médecin de la prison, Francesco Russolillo, qui avait déclaré avoir vu le cadavre de Bresci immédiatement après sa découverte, encore avec la " corde " autour de son cou, raconta le cadre typique de la mort par strangulation. L'anarchiste Amilcare Cipriani, détenu dans le pénitencier huit ans, auparavant, jugeait l'hypothèse du suicide totalement impossible, tant pour la surveillance continue que parce qu'aucun détenu ne pouvait avoir un mouchoir, des serviettes ou tout autre morceau de tissu apte à la fabrication d'une corde, il lui manquait en outre un support auquel il pourrait l'accrocher.

 

Certaines coïncidences, une fois confirmées, pourraient renforcer la thèse d'un meurtre d'État : le Directeur Général des Prisons Antonio Alessandro Doria avait été promu deux mois après la mort de Bresci et aurait bénéficié d'un redoublement de son traitement (passant de 4 500 à 9 500 lires par an). Le prisonnier anarchiste Ezio Taddei (1895-1956) racontait l'histoire d'un vieil condamné à vie, selon laquelle Bresci avait été étranglée par un détenu, le chef-mousse Sanna, qui, deux jours après la mort de Bresci, avait été transféré à Procida et ensuite libéré en lui concédant la grâce souveraine, peut-être en récompense de l'homicide.

 

Dans son discours du 19 novembre 1947 à l'Assemblée Constituante, le feu Président de la République italienne Sandro Pertini (1896-1990), dit : "... je parle pour expérience personnelle (...). En prison honorable Ministre, se fait ceci : on frappe un détenu ; sous les coups, le détenu meurt, et alors tous se préoccupent et ne se préoccupent pas seulement les geôliers qui ont frappé le détenu, mais aussi le directeur, le médecin, l'aumônier et tous qui font partie du personnel de garde. Et alors ils font ceci : dénudent le détenu, l'accrochent à la grille et le font trouver ainsi suspendu. Ensuite, le médecin vient et rédige un rapport de mort pour suicide. Celle-ci fut la fin de Bresci. Bresci a été frappé à mort, ensuite, ils ont accroché son cadavre à la grille de la fenêtre de sa cellule de Santo Stefano, où j'ai été un an et demi ".


Ugoberto Alfassio Grimaldi (1915-1986), en citant des témoignages de détenus politiques, écrit de Bresci : "Ce 22 mai trois gardiens lui avaient fait le " Santantonio " : c'est-à-dire on couvre quelqu'un de draps et de couvertures et ensuite on le frappe à mort ; le corps avait été enterré, dans un lieu resté sans trace dans les archives de Santo Stefano, par deux bagnards envoyés expressément d'un autre pénitentiaire et y reconduits tout de suite ; le commandant de la pénitentiaire avait été promu et les trois gardiens avaient été récompensés".

 

D'après les documents privés de l'ancien Premier Ministre Francesco Crispi, il semble que déjà le 18 mai, quatre jours avant la date " officielle " du décès, un représentant du gouvernement, le susmentionné inspecteur Antonio Alessandro Doria, était à Santo Stefano. Pour cette visite, le directeur de la prison demanda au ministère s'il devait autoriser Doria à voir Bresci. En outre, le 24 mai, deux jours après le décès " officiel ", les médecins qui avaient exécuté l'autopsie trouvèrent le corps à un stade avancé de décomposition. Selon le témoignage d'un ex-geôlier, Bresci aurait été tué le 7 mai, pas moins de quinze jours auparavant, tant qu'un journaliste qui avait assisté à l'enterrement avait alors signalé que le corps avait une forte odeur de décomposition.

 

Le cadavre de Bresci fut soumis à une autopsie par quatre médecins légiste, entre lesquels le professeur Corrado, titulaire de la chaire de médecine légale de l'Université de Naples. Il ne reste aucune trace du détaillé rapport rédigé par les médecins.

 


Le journal anarchiste Italo-Américain " L'Aurora " du 8 juin 1901 (supplément au n° 34) imagine (ou raconte ?) que le roi Vittorio Emanuele III s'était rendu incognito à Santo Stefano pour demander à Bresci de rendre compte du meurtre de son père Umberto 1er , que la réponse de l'anarchiste avait été méprisante et que les gardes de la prison avaient étranglé Bresci dans sa propre cellule.

 

Gaetano Bresci avait partagé avec d'autres prisonniers le sort d'être assassiné par ceux qui devaient le protéger. Parmi les autres Romeo Frezzi, assassiné à la prison de San Michele a Ripa à Rome en 1897, le jeune communiste Calabrais Rocco Pugliese, assassiné comme Bresci à Santo Stefano en 1930, et le cheminot anarchiste Giuseppe Pinelli, jeté par une fenêtre de la Préfecture de Police de Milan le 16 décembre 1969, cent ans et un mois après la naissance de Gaetano Bresci. ​​​​​​​

Après sa mort :

Dans le registre de la prison, décrivant la vie et la mort d'un prisonnier, il manque une page portant le numéro 515 correspondant au numéro d'immatriculation de Bresci. Même dans l’Archive Central de l’État à Rome, rien ne peut être trouvé sur Bresci. D'après Arrigo Petacco (1929-2018), auteur d'une réussie biographie de Bresci, même le contenu d'un dossier aurait disparu. Parmi les " papiers secrets " du Premier Ministre Giolitti, figuraient des documents non officiels sur la mort de Bresci.

 

Le cadavre de Bresci fut enterré le 26 mai 1901 dans le cimetière de Santo Stefano (photo ci-contre). Selon des sources non-officielles, tous ses biens auraient été jetés avec lui dans la tombe. D’après d'autres sources, le corps de Bresci aurait été jeté à la mer comme l'avait souhaité le journal Napolitain « Il Mattino » dans un éditorial signé " Vagus ". Le journaliste et gastronome, Luigi Veronelli (1926-2004) s'engagea dans la quête de la tombe de Bresci et traça un plan des sépultures du cimetière, à partir des indices trouvées sur les tombes, y compris celles des confinés de l'époque Fasciste, qui, comme les plus anciens, ne portaient aucune indication. En septembre 1964, Veronelli trouva une croix portant un rouleau : " Gaetano Bresci, 22 mai 1901 ".

 

Il ne restait qu’un vestige de l'emprisonnement de l'anarchiste, sa casquette, portant le numéro 515, qui était conservée dans le petit musée pénitentiaire avec la casquette d'un autre anarchiste célèbre, Pietro Acciarito, qui avait également tenté de tuer Umberto 1er en 1897. Les deux casquettes se sont perdues lors d'une émeute de prisonniers à Santo Stefano en novembre 1943.

 

Le Musée Criminel de Rome conserve d'autres objets saisis à Bresci après son arrestation : le revolver qu'il avait utilisé pour tuer le roi Umberto 1er , un appareil photo, des bains de développement pour la photographie et deux valises contenant des effets personnels.

BIBLIOGRAPHIE :


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- DEL CARRIA Renzo (1977) Proletari senza rivoluzione - vol.II (1892-1914). Savelli, Roma. pag.138.

 
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- GALZERANO Giuseppe (2001) Gaetano Bresci : la vita,

l'attentato, il processo e la morte del regicida anarchico. Galzerano editore -Atti e memorie del popolo -

 

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